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La Baylie de Monflanquin 

du temps 
des Capétiens
( 1256 -1279 )
 
* 1°partie 
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Alphonse de Poitiers, en même temps qu'il fonde la Bastide de Monflanquin, décide d'en faire le centre d'une Baylie dont le responsable sera le Bayle prévu dans la Charte des Coutumes de Juin 1256. C'est, on ne peut plus clairement, lier la ville à son espace rural délimité dès le départ.
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Aussi est-il nécessaire en premier lieu d'appréhender le système administratif mis en place en Agenais par Alphonse de Poitiers pour comprendre le rôle et le fonctionnement de cette grande Baylie de Monflanquin. Système que Philippe III le Hardi maintiendra, après la disparition d'Alphonse de Poitiers et de Jeanne de Toulouse, jusqu'en 1279 où il restituera l'Agenais à Édouard I°.
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Mais la Baylie, c'est aussi un cadre de vie qu'il faut apprécier, en tenant compte des acteurs sociaux que sont les paysans, les seigneurs et les clercs. Il y a là une série de tensions, de ruptures qui caractérisent le XIII° S. et dans lesquelles baignent la Bastide et la Baylie qui, au demeurant, bénéficient largement pendant ces décennies d'un climat de paix appréciable.
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Sceau : 
Alphonse Poitiers
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Alphonse de Poitiers
 
Les rapports d'Alphonse de Poitiers avec Monflanquin s'inscrivent dans le contexte de l'opposition des Plantagenets / Capétiens, et de la montée en puissance de l'état capétien.
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Cette rivalité Plantagenets / Capétiens ne cesse de s'exacerber depuis 1152, année où Aliénor d'Aquitaine séparée de Louis VII épouse Henri Plantagenet comte d'ANJOU et duc de NORMANDIE, couronné en 1154 roi d'ANGLETERRE.(I)
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Dans le cadre de cette rivalité, les Capétiens profitent de la demande du pape 1NNOCENT III pour lancer la Croisade des Albigeois qui aboutit, en 1229, au Traité de Paris où LOUIS IX, en début de règne, et "guidé" par sa mère blanche de CASTILLE impose une solution à l'entier avantage des Capétiens. Un traité qui a surtout l'avantage pour les populations du Haut Agenais de leur apporter le calme perdant plusieurs décennies.
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Les Capétiens s'octroient la suzeraineté du Comté de TOULOUSE sans tenir compte des droits à l'héritage d'ALIENOR que font valoir les PLANTAGENETS : RAYMOND VII, comte de TOULOUSE, cède en effet tous ses droits au Roi de FRANCE et reste simplement usufruitier de son domaine puisqu'à sa mort le Toulousain, l'Agenais, le Quercy doivent revenir au frère du roi LOUIS IX, Alphonse de POITIERS époux de sa fille Jeanne de Toulouse. Le mariage est conclu à cette occasion mais, les époux n'ayant que 9 ans, les noces ne seront célébrées qu'en 1237.
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Quand Alphonse, en 1241, atteint sa majorité il est investi (2) par son frère LOUIS IX des domaines légués par LOUIS VIII à son quatrième fils, à savoir "le comté de POITIERS et tous ses biens en AUVERGNE, fiefs et domaines, avec leurs dépendances"... Alphonse est d'abord armé chevalier à SAUMUR en Juin 1241 avant de recevoir l'hommage de ses vassaux à POITIERS. 
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Toutefois Alphonse n'exerce pas la plénitude de ses droits dès son investiture, tant sa mère Blanche de CASTILLE est une femme pour le moins autoritaire. Il existe des indices qu'elle continue à se mêler activement des affaires du royaume et du domaine d'Alphonse de POITIERS; de plus elle gère directement ce domaine en 1249-1250 durant la participation aux Croisades de celui-ci. 
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Cependant à son retour des Croisades, Alphonse de POITIERS va se révéler un administrateur averti principalement dans le Comité de TOULOUSE dont son épouse hérite en 1249 à la mort de RAYMOND VII. Son état de santé explique, pour une large part, qu'il ait évité de multiplier ses déplacements: à des séquelles de paralysie s'ajoute une ophtalmie persistante.(2)        
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Alphonse administrateur lointain
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En 1249 Alphonse de POITIERS est en Terre Sainte dont il revient dès le mois d'Août 125O. Arrivé à AIGUES MORTES, il remonte vers LYON en fin d'année pour y revenir, vers Avril 1251, après une courte visite à POITIERS (2).En passant par la vallée du Rhône, le Languedoc, il atteint TOULOUSE fin Mai et AGEN le 4 Juin. 
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Le mois de Juin 1251 est consacré à l'Agenais et les régions environnantes : 4 et 5 Juin AGEN, le 8 PENNE d'AGENAIS, le 12 LAUZERTE, les 13 et 14 MONTAUBAN, le 21 GAILLAC, les 24, 25 et 26 CORDES. De là il remontera vers PARIS en passant par Riom, Sens. 
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Il faut attendre 1270, et son départ pour une nouvelle Croisade, avant qu'il ne repasse par la région et tout aussi rapidement, que la première fois : parti de PARIS fin Février, passé par POITIERS, LA ROCHELLE en Mars, il est à ANGOULÊME le 4 avri1, MONTIGNAC le 8, MONTAUBAN du 16 au 2I,à TOULOUSE jusqu'à la mi Mai. Il s'embarquera à AIGUES-MORTES le 3 Juillet débarquera entre TUNIS et CARTHAGE le I8 Juillet, rembarquera le I9 Novembre 1270 et mourra sur le retour le 21 Août 1271 à SAVONE, ainsi que Jeanne de TOULOUSE son épouse. 
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Au total, le contact direct avec son Comté de TOULOUSE est des plus réduits et encore davantage avec l'Agenais. Pourtant Alphonse de Poitiers a su pleinement participer au renforcement de l'état Capétien; pour ce faire il sut tirer au mieux profit de son administration. 
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Cette administration Alphonsine se règle sur le rythme de 3 grandes fêtes après lesquelles le Comte tient son Parlement: c'est à dire la Chandeleur, la Pentecôte et la Toussaint. Le lendemain de la quinzaine de chacune de ces fêtes Alphonse de POITIERS réunit auprès de lui les membres de son Conseil, les sénéchaux et les agents itinérants. Ces trois dates ont donc une importance particulière pour ce qui concerne ses propres déplacements.
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Il faut noter aussi que le rythme des affaires spécialement financières comporte deux variantes: d'une part c'est l'Ascension et non la Pentecôte qui sert de terme d'été; d'autre part les comptes sont clos aux huitaines et non aux quinzaines des fêtes. 
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Ainsi surveillées de près les recettes de l'Agenais se montent en 1256 à 1740 livres de tournois, en 1257 à 1.870 livres, en 1259 à 2.246 livres et en 1271 à 3.351 livres
 
Si l'on s'en tient à Monflanquin les rapports sont de 140 livres en 1268, 160 livres en 1269 et 200 livres en I27I. L'augmentation est constante, ce qui est heureux pour Alphonse de POITIERS qui en 1255, 1257 et 1258 reste débiteur de ses banquiers parisiens. 
 
Les recettes tirées des bastides contribuent au relèvement de la situation. La nécessité d'obtenir de nouvelles ressources a agi comme un stimulant à la création des baylies et bastides (3). 
L'un des éléments essentiels de cette administration est sans conteste le cadre des Sénéchaux et celui des Enquêteurs, qui permettent à cet administrateur lointain qu'est Alphonse de POITIERS de garder un contact suivi avec ses domaines.
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Les Sénéchaux alphonsins
 
Alphonse de Poitiers  est un prince puissant dont le domaine est administré par des sénéchaux en POITOU, SAINTONGE, AUVERGNE, VENAISSIN, ALBIGEOIS, TOULOUSAIN et AGENAIS/QUERCY. 
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Les  Sénéchaux résident en permanence dans le pays où ils exercent leurs fonctions. Délégués du Roi ils correspondent directement avec le souverain leur pouvoir militaire est absolu et, au point de vue administratif, ils rem­plissent à peu près toutes les fonctions qui, aujourd'hui, sont exercées par les agents tant finan­ciers qu'administratifs du pouvoir central (4). 
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Leur traitement est assez élevé; ainsi celui d'AGEN reçoit 545 livres par an, celui de TOULOUSE 547 ,ce qui représente 4 fois la somme que rappor­te la seule Baylie de Monflanquin . Mais leurs charges sont assez lourdes : voyages continuels, maison militaire et civile à entretenir, frais de toutes sortes épuisent bientôt leur traitement;aussi la plupart y mettent-ils de leur avoir. Leur entourage , leurs familiers ne sont que trop disposés à abuser de leur position; les registres des enquêteurs abondent en plaintes contre eux (4). Les différentes ordonnances de LOUIS IX et d'Alphonse de POITIERS ont tenté de limiter leurs excès et de préciser leurs droits et devoirs. 
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En ce qui concerne Monflanquin, le sénéchal le plus marquant est, cela va de soi, messire Guillaume de Bagnols, signataire de la Charte de la Bastide en 1256.Trois ans plus tard, en 1259, est mentionné son passage par Monflanquin : "Voulant promptement se conformer aux intentions de son seigneur suzerain, Guillaume de BAGNOLS-BALMOTIS sénéchal d'Agenais et de Quercy partit de Penne  dans les derniers jours de Février, s'arrêta à Monflanquin et arriva le 1er Mars 1259 sur le coteau désigné comme l'emplacement de 1a future ville" de CASTILLONNES, accompagné de Gauthier de RAMPOUS  Bayle de Monflanquin (5 ) . 
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Les enquêteurs alphonsins
 
Précédés dans le temps par ceux d'HENRI III Plantagenet et ceux de LOUIS IX les enquêteurs alphonsins (6) tiennent leur origine immédiate du départ pour la croisade en 1249. 
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En Août, à AIGUES - MORTES, au moment de s'embarquer pour la croisade le comte de POITIERS donne à 6 clercs dont l'Abbé DU PIN le pouvoir d'amender et faire amender ses torts et ceux de ses Baillis, de convoquer tous ceux qu'il serait nécessaire pour contraindre à l'obéissance. 
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Dans le comté de TOULOUSE les habitants eurent pour recevoir leurs doléances d'abord quatre auditeurs en 125I-52, auxquels succédèrent cinq réformateurs (7) : Jean de MAISONS Chevalier, Maître FOURCOIS, Pierre BERNARD, Jean de CASENEUVE et Frère Philippe de l'Ordre des Frères Mineurs. Envoyés par Alphonse dans le midi "pour réformer ce qui serait à réformer", ils traversent l'Agenais en Mars 1253, le Quercy en Mars-Avril, le Toulousain en Avril, alors que Monflanquin  est en gestation. 
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Dans leurs ordonnances le souci de sauvegarder les droits du comte est placé avant le désir de protéger ses sujets. Sans être nouvelle, cette préoccupation va prendre de plus en plus d'importance, comme le prouve l'apparition d'enquêteurs domaniaux, ce que paraissent être davantage les enquêteurs suivants... 
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La religion, autre préoccupation des enquêteurs : en Mars 1253, la plupart des dispositions des Ordonnances pour l'Agenais concernent les hérétiques: la confiscation de leurs biens et "la distraction" des dots des femmes de ces hérétiques lorsqu'elles étaient restées catholiques. 
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La prise en considération des réactions nobiliaires n'est pas absente:suite aux plaintes des barons et chevaliers, défense est faite aux sénéchaux de construire de nouvelles Bastides autres que celles en place ou déjà prévues comme Monflanquin . 
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MONFLANQUIN dont l'Article 21 fait justement mention : "Comme nous ne reconnaissons pas comme acquis le droit que les nobles disent avoir, Pons AMAMIEU sur MONCLAR et Haymeric de RAVEGIANO sur Monflanquin, nous procéderons à une enquête par nous-même ou par l'intermédiaire d'autres personnes, sur leur droit quant aux lieux où les Bastides en question ont été construites" (6).C'est affirmer vouloir en rester aux seuls signataires de 1252. 
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Les coseigneurs de Calviac, 1252
 
En Juin 1252, Guillaume AMAGNEU et les cosei­gneurs de CALVIAC cèdent la montagne de Monflanquin  à Alphonse de POITIERS selon un texte archivé à LONDRES et repris par GOURON(6). L'historien GARDELLES parle lui de Guilhem Raymond de PINS (9). 
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L'histoire Agenaise retient ce nom dès 1242 quand RAYMOND VII vient à BORDEAUX où il conclue, fin Août, un traité de ligue offensive et défensive avec le roi d'ANGLETERRE, traité auquel adhère Guilhem Raymond de PINS, seigneur de CAUMONT. Quelques mois après, en Novembre, il répond à la convocation d'HENRI III D'ANGLETERRE et se rend à SAINTE BAZEILLE (7). 
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En 1259, Guilhem Raymond de PINS prête hommage au Comte de TOULOUSE pour ses possessions de CALVIAC, BIRAC et l'important poste de péage de TAILLLEBOURG  sur la GARONNE, pour des biens au FRECHOU et à MONCRABEAU, des parts de châteaux de TORREBREN et de SENDETS en dehors de l'Agenais, soit un domaine très distendu mais qui en fait un riche seigneur du Sud-Ouest (10). 
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En Octobre 1273, Guilhem Raymond de PINS, sire de CAUMONT, officie à la cour de Gascogne réunie à St SEVER pour rendre justice au nom des Plantagnets . 
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Le 9 Août 1279, Guilhem Raymond de PINS est dans le cloître des Dominicains d'AGEN pour prêter hommage et serment de fidélité avec l'ensemble de la noblesse Agenaise, au nouveau suzerain PLANTAGENET (II).  
Il serait intéressant de savoir pourquoi ce riche seigneur attaché à RAYMOND VII et aux PLANTAGENETS cède "MONS FLANQUINUS" à un CAPETIEN ? Apparaîtrait alors toute la complexité des relations féodales du XIII° siècle.. 

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Les Bayles du XIII° siècle
 
Les fonctions de Bayle sont essentiellement administratives et financières. A certains égards ils ont un pouvoir judiciaire dont l'ampleur a été restreinte de bonne heure au profit de juges distincts (I2). 
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Représentants dans leurs Baylies du Sénéchal, les Bayles sont sous l'autorité directe du Viguier qui leur transmet les ordres du Sénéchal. 
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Sur le plan judiciaire, la juridiction criminelle a été enlevée aux Bayles; quant à la juridiction civile l'ordonnance de 1270 d'Alphonse de POITIERS impose "que dans chaque Baylie soit institué, au nom du Sénéchal avec le Conseil des Prud'hommes, un homme honnête et fidèle... qui veille à ce que les Bayles ne molestent ceux qui auront à plaider devant eux...". La part de juridiction enlevée aux Bayles fut attribuée à des officiers spéciaux "hommes - juges" qui rendaient la justice dans une circonscription embrassant plusieurs Baylies. C'est l'origine de ce que l'on appellera plus tard judicature ou jugerie. 
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En tant qu'administrateurs du domaine du souverain,. ils afferment les terres tenues de lui. C'est à ce titre que Gauthier de RAMPOUS, Bayle de Monflanquin , participe à l'élaboration de l'acte de paréage de CASTILLONNES en Septembre 1259. 
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En tant qu'agents financiers; les Bayles sont chargés de lever les amendes au-dessous d'un certain taux mais sans procès. 
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La plupart des Bayles sont des gens du pays, en mesure de comprendre la langue d'Oc de la population. Mais leurs parents se mêlent souvent de l'administration de la Baylie en jouant de leur influence.
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La conduite de ces Bayles semble prouver que les Séné­chaux n'apportent pas le plus grand soin à les choisir, peut­être parce que les Bayles nommés chaque année sont avant tout les mieux offrants. Concessionnaires de leur Baylie ils doivent payer le prix convenu de l'affermage en trois sinon en quatre termes égaux : à Noël, l'Annonciation, la St Jean Baptiste et la St Michel . Ils doivent au départ donner bonne caution pour répondre du paiement. 
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Aussi pour se rembourser, les Bayles n'hésitent pas à forcer leur pression sur les sujets de la Baylie, soumis à leur autorité. C'est surtout la levée des amendes qui leur donne le plus d'occasions de commettre des abus, comme le prouvent les registres des enquêteurs.
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Dès le 6 Mars 1253; l'ordonnance de réformation de l'Agenais consacre 7 de ses 25 articles à préciser les droits et devoirs des Bayles (I2). 
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En Avril 1254,  Alphonse de POITIERS signe à nouveau des ordonnances de réformation et reviendra sur le sujet en 1255 et surtout dans son ordonnance de 1270 avant son départ pour les Croisades.
 
LOUIS IX lui-même, pour l'ensemble du royaume, signe en Décembre 1254 la Grande Ordonnance où l'on retrouve dans leurs grandes lignes les dispositions prises par son frère Alphonse de POITIERS.
 
C'est dire si les deux frères ont tenté de prévenir les abus, mais ils ont conservé le système de l'affermage des Bayles parce qu'il représente de grands avantages pour la rentrée des revenus. Aussi malgré toutes les précautions, c'était remettre une partie du pouvoir public aux mains de fermiers peu scrupuleux.
 
La Charte, accordée à Monflanquin en 1256 par Alphonse de POITIERS, s'inscrit dans la perspective des Ordonnances de 1253-1254 et de ce désir d'améliorer le système. Ce qui fait de la Charte Alphonsine de Monflanquin  une charte exemplaire :
 
" Le Sénéchal et le Bayle de notre ville seront tenus à leur entrée en charge de jurer devant les prud'hommes de la dite ville que dans l'exercice de leurs fonctions ils feront droit à chacun selon leur pouvoir et observeront les coutumes et les statuts approuvés": Article 12.
 
 " Notre Bayle ne doit recevoir ni les frais de justice, ni les gages jusqu'au jour où il aura fait exécuter le paiement de 1a chose jugée à la partie qui aura gagnée le procès ": Article 51.
 
" Ni nous ni notre Bayle n'arrêterons aucun habitant de la dite ville ou ne ferons violence ni ne saisirons ses biens, pourvu toutefois qu'il veuille et promette ester en justice, à moins qu'il ne s'agisse de meurtre, d'assassinat, de blessures mortelles ou de tout autre crime pour lequel sa personne et ses biens doivent m'être livrés " : Article 4.
 
"A la suite d'une requête ou sur une plainte d'autrui notre Sénéchal ou ses Bayles, si ce n'est pour notre propre fait ou sur notre plainte, ne pourront jamais appeler ou citer aucun habitant de cette ville hors des limites de la juridiction de cette Bastide pour des faits qui se seront passés dans la dite ville et sur ses dépendances ou de l'étendue de ses possessions ou de sa juridiction " : Article 5.
 
Toute une série d'Articles précise en outre le montant des amendes à verser en fonction des délits; ce qui laisse une latitude moindre au Bayle. Par ailleurs certaines amendes, comme le précisent les Articles 24 et 26, sont réservées aux Consuls pour être mises en commun " au profit de la ville pour les réparations des chemins, des ponts, des fontaines et autres travaux analogues "; ce qui limite les exigences du Bayle.
 
De plus, la Charte met en place une sorte de "témoin agissant" face au Bayle. En effet celui-ci doit, chaque année, le jour de l'Assomption, "élire et installer six Consuls catholiques choisis parmi les habitants de la dite ville que nous jugerons et estimerons être les plus honnêtes et les plus utiles aux intérêts de la communauté et aux nôtres": Article 13.
 
C'est dans le cadre de cette Charte que la Baylie de Monflanquin, en même temps que celle de MONCLAR, est donnée en commande à Bernardo ARCHERI en 1257 (3); Guillaume de RAMPOUS étant Bayle de la seule Bastide de Monflanquin  en 1259 (I ).
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On retrouve à Monflanquin comme dans l'ensemble des états d'Alphonse de Poitiers un grand nombre d'agents d'ordre inférieur, remplissant les fonctions les plus diverses, que les actes de l'époque désignent sous les noms les plus variés (I2).
 
Il y a d'abord les soldats et gens d'armes qu'on appelle les Sergents "Servientes", les Ordonnances d'Alphonse de Poitiers les nomment encore bedeaux "bedelli". Les bayles ont droit, à partir des Ordonnances de I254, à quatre ou cinq Sergents pour exécuter leurs ordres; le Sénéchal sera informé de leurs noms qui seront publiés dans les assises publiques. Quand ces Sergents exercent leur office dans des lieux éloignés ils doivent être munis de lettres de leur Bayle sous peine de punition. C'est dire si l'on se méfie de ces agents fort gênants, insolents, rapaces et toujours prêts à outrepasser les pouvoirs ou à agir sans cornmission; Sergents qui sont l'objet de nombreuses plaintes reçues par les enquêteurs.
 
Il y a ensuite des "leddarii" ou Percepteurs de la leude; les "banniers" chargés de lever le ban: on pourrait les comparer à nos garde champêtres car en même temps ils lèvent les amendes stipulées pour les menus délits champêtres, ces amendes se percevant sans forme de procès sur simple constatation du délit.
 
Il y a enfin les Notaires qui sont de véritables greffiers auprès du Bayle. Ils tiennent des registres sur lesquels est écrit le montant des droits et revenus appartenant au comte; seuls ces Notaires peuvent rédiger les actes relatifs aux terres sur lesquelles le comte perçoit des droits de lods et ventes. En fait ils surveillent les Bayles grâce à leur suivi écrit.
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L'une des caractéristiques de la Baylie de MONFLANQUIN est sa taille somme toute conséquente, ce qui est la marque des Baylies Alphonsines.
 
La Baylie de MONFLANQUIN c'est, en I256, quarante et une paroisses (I3) reliant le bassin du DROPT à celui du LOT, les terres forestières du Nord-Est aux terres aux terres cultivées du Sud-Ouest : véritable prise en compte d'un espace vide pour l'occuper, avec une conception ambitieuse, en l'associant à 5 paroisses prises sur PENNE, à savoir CONDEZAYGUES, LE PIN, St AUBIN, ROUETS, SAVIGNAC, en plus du château de MONSEGUR (3).
 
Ce qui frappe en outre, à l'observation d'une carte (13), c'est l'équidistance à laquelle se trouve la Bastide des principales rivières: le DROPT et le LOT d'une part, la LEMANCE et le TOLZAC d'autre part, sans oublier son installation près de la diagonale que représente la LEDE à l'intérieur de ce quadrilatère géographique. Ainsi placée, la Baylie s'inscrit dans un espace prédéfini, prolongeant la rationalité de l'urbanisme mis en oeuvre dans la Bastide. La Bastide et la Baylie de MONFLANQUIN  portent la griffe d'un acte humain volontariste.
 
En 1267, pour constituer la Baylie de VILLLEREAL 5 paroisses du Nord-Ouest glissent de MONFLANQUIN vers VILLEHEAL :  DEVILLAC, ESTRADES, MONTAUD, BOURNEL, St ETIENNE (33). C'est dispenser la Baylie de MONFLANQUIN des problèmes inhérents à la puissance des seigneurs de MONTAUD mais c'est essentiellement tenir compte de la délimitation entre l'archiprêtrée de MONTAUD et celle de FUMEL: à partir de 1269 la Baylie de MONFLANQUIN ne comporte plus que des paroisses dépendant de l'archiprêtre de FUMEL ce qui simplifie les problèmes.
 
Problèmes qui ne manquent pas puisqu'en 1270, les Consuls de MONFLANQUIN remettent en cause la délimitation de la Baylie; avec ceux, de PENNE ils expriment leurs doléances devant les Conseillers du comte qui admettent la possibilité d'une révision par voie d'arbitrage . Qu'en advint-il ? (3).
 
La Baylie de MONFLANQUIN, un espace cadré par rapport à l'espace géographique, économique, administratif et religieux. Un espace réfléchi, inscrit dans une politique méthodique d'extension du domaine, d'aménagement du territoire dirait-on aujourd'hui.
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Monflanquin fait partie d'une série de Baylies qui pour la plupart se situent en écharpe si l'on considère TOULOUSE comme étant centre / capitale: Ste FOY LA GRANDE, AGEN,  PORT Ste MARIE, PUYMIROL, PENNE, VILLENEUVE, St PASTOUR, MONCLAR, LAPARADE, CASTILLONNES , MONFLANQUIN, VILLEREAL, TOURNON, MARMANDE (I5).
 
Le mouvement de création des Bastides est constant; en 1249 il y avait - avec pour limite le Lot - 7 Baylies en Agenais : AGEN, PUYMIROL, CASSENEUIL, PUJOLS, PENNE, PORT Ste MARIE,  MARMANDE. En 1257 le nombre des Baylies est passé à I2; à la liste précédente se sont ajoutés au delà du LOT : MONCLAR, MONFLANQUIN, TOURNON, Ste FOY LA GRANDE et CAUDEROUE (7). En 1269 on compte 16 Baylies après les constructions de CASTILLONNES, VILLLEREAL, St PASTOUR, VILLENEUVE et LAPARADE. En 1271 à la mort d'Alphonse de POITIERS l'Agenais est divisé en 18 Baylies après les fondations de DAMAZAN et d'EYMET (8); l'ensemble de l'Agenais est structuré.
 
Il est donc certain qu'au XIII° S.- pour combler le vide qui sépare les très nombreux hameaux, villages et villes anciennes - le pouvoir crée des Bastides et leur donne l'espace économico-administratif que sont les Baylies. En effet concéder des coutumes, accorder des privilèges, c'est avant tout créer un nouveau lieu de foire et/ou un nouveau centre administratif.
 
La Bastide et la Baylie de Monflanquin, en 1252/1256, correspondent à cette volonté politique d'Alphonse de POITIERS de mieux répartir dans l'espace du comté de TOULOUSE les fonctions a administratives, de les mettre à la portée des ruraux, tout en apportant réponse aux besoins de mise en valeur du sol environnant.
 
La bastide et la Baylie de Monflanquin deviennent, au milieu du XIII° siècle, un relais entre la ville/capitale et les bourgs et villages de la juridiction. C'est en même temps une brèche opérée dans le système féodal grâce à une alliance juridique avec les Consuls/Jurats.
 
En fait très vite le mécanisme mis en place, des Sénéchaux nommés par le suzerain et de Bayles nommés par les Sénéchaux, va détourner les Baylies du centre géographique initial au profit du suzerain. Car les suzerains visent à limiter non seulement l'influence des seigneurs mais également le champ d'action éventuel des bourgeois des grandes cités, à éviter qu'elles ne se constituent des arrières pays. L'objectif fondamental est bien le renforcement du pouvoir central du suzerain CAPETIEN.
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L'espace géopolitique dans lequel s'inscrit la Baylie de Monflanquin a donc pour centre TOULOUSE. Or en ce XIII° siècle, où la Baylie prend forme, la perspective historique du comté de TOULOUSE bascule.(16)
 
Au début du siècle le comté de TOULOUSE était l'objet de visées théocratiques de la part du pape INNOCENT III (La Croisade de 1209 n'a pas seulement pour objet les hérétiques) et de visées territoriales de la part de Pierre II d'ARAGON qui rêvait d'un royaume méditerranéo - transpyrénéen, de la part des PLANTAGENETS au nom d'une grande GUYENNE, de la part des CAPETIENS dont la "théorique monarchique" s'affirmait.
 
Au moment où la baylie de Monflanquin est crée en 1252/1256 le rêve théocratique est révolu, mais surtout le comté de TOULOUSE a basculé dans l'orbite du Nord où PLANTAGENETS et CAPETIENS se surveillent., quel que soit le vainqueur c'est le début de la rupture avec l'univers méditerranéen, en liaison avec le poids de plus en plus grand du Nord de l'Europe.
 
La naissance de la bastide et de la Baylie peut être interprétée comme l'un des signes que l'OCCITANIE n'est. plus cette nébuleuse en voie de condensation dont la fin du XII° S. donnait l'image; elle devient un conglomérat de provinces soumises quelque part entre LOIRE et PYRENEES. Et pourtant, elle avait été bien près de se constituer en Etat.
 
La baylie implantée par Alphonse de POITIERS, en tant que partie d'un mécanisme au service du suzerain, va alternativement être mise. à profit par les CAPETIENS et les PLANTAGENETS pour intégrer l'OCCITANIE dans leur espace. Finalement les CAPETIENS l'emporteront et l'orbite nordique sera celle de la FRANCE.
 
La baylie de Monflanquin  participe à cet arrimage de l'OCCITANIE au royaume CAPETIEN.
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L'Article 13 de la Charte de Monflanquin précise bien que les 6 Consuls de la ville doivent être catholiques. La précision n'est pas de pure forme en ce XIII° S. où l'OCCITANIE est terre d'accueil pour le ca­tharisme qui y a installé 5 évêchés: CARCASSONNE, MIREPOIX, TOULOUSE, ALBI, AGEN (15)­
 
L'alerte à ROME est assez forte pour qu'INNOCENT III lance une croisade dès 1209.Au cours de ses campagnes Simon de MONTFORT assiège, en 1212, PENNE et massacre les cathares qui s'y trouvent puis s'empare du château de BIRON. Il revient en AGENAIS, en 1214, et cette fois CASSENEUIL va subir sa vindicte (7).
 
C'est dire si la région est touchée par le mouvement cathare; et cela dès l'acte fondateur de St FEUX de 1167 où Raymond de CASALS est nommé évêque cathare d'AGEN. Or, en 1249, encore, c'est à dire 5 ans après la chute de MONTSEGUR, 80 croyants cathares sont brûlés à AGEN sur l'ordre de RAYMOND VII. Après 1300, les frères AUTHIE - pendant près de dix ans - prêchent le catharisme dans les masures comme dans les nobles demeures des confins de L'AGENAIS à ceux de l'ALBIGEOIS.
 
Quelques chevaliers "faydits", c'est à dire des­titués, se cachent dans les bois comme des brigands, parfois en compagnie de "Parfaits" avec qui ils cons­tituent de petites troupes misérables: après 1257 le Chevalier Amblard VASSAL pousse même jusqu'à VILLEFRANCHE du ROUERGUE.
 
Donc, en 1256, lorsqu' Alphonse de POITIERS accorde sa Charte à Monflanquin il ne peut que s'inscrire dans le respect de l'Acte Royal de 1254 sur l'obligation de choisir des bayles non suspect d'hérésie (6) et dans la perspective de l'écrasement du catharisme à une époque où sa hiérarchie est en exil et les croyants dans l'angoisse de la délation que favorise l'Inquisition.         
En la circonstance la Baylie de Monflanquin est représentative de l'alliance des CAPETIENS avec les clercs pour s'implanter en OCCITANIE. 
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Cet Article 13 de la Charte de à Monflanquin au moment où il est rédigé s'appuie implicitement sur l'Inquisition qui associe pleinement CAPETIENS et Eglise, d'autant plus fortement en AGENAIS qu'Alphonse de Poitiers est favorable aux Dominicains.
 
 
Au début, pour lutter contre l'hérésie, l'église catholique s'était engagée dans des conférences contradictoires afin de réfuter les thèses cathares mais les légats cisterciens n'avaient pas entamé les certitudes de leurs adversaires (I7). 
 
Aussi, INNOCENT III avait-il donné l'autorisation de tester les méthodes de Dominique GUZMAN qui préconisait que les prédicateurs soient mendiants et itinérants pour s'opposer aux cathares sur leur propre terrain. Cette option évangélique, pourtant appuyée, dès 1229, sur l'université de TOULOUSE, avait à son tour montré ses limites; d'autant plus que l'irruption de la guerre ne l'avait pas favorisée (17).
 
Finalement GREGOIRE IX avait adressé, en 1233, aux prélats et au provincial des Dominicains de TOULOUSE les lettres par lesquelles il confiait aux Frères Prêcheurs les pleins pouvoirs pour enquêter et juger en matière d'hérésie : l'Inquisition était en place; elle correspondait mieux à l'état de guerre, de la croisade en cours. 
 
C'est à la présence de l'Inquisition que l'Article 13 doit toute sa valeur menaçante pour les habitants de la Baylie de MONFLANQUIN. Cette inquisition dont le but est la mise à mort d'une religion par élimination de ses pasteurs et démantèlement de ses réseaux de solidarité. Elle est l'instrument de défense et de contre-attaque idéologique d'un pouvoir religieux dominant.  Répression sélective, terreur généralisée, délation érigée en système par la peur et la cupidité sont entretenues pour une pastorale neuve de l'église romaine parmi les populations à re-évangéliser.
 
L'Article 13 de la Charte de Monflanquin fait de la baylie, sous l'autorité d'Alphonse de POITIERS et la menace de l'Inquisition, une "terra catholica" à préserver de l'hérésie.
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La Baylie répond à des préoccupations du moment mais ce n'est pas une création dé­finie une fois pour toutes. Elle se modifie, se précise à l'occasion; deux exemples en 1269 : les lettres patentes et les mandements d'Alphonse de POITIERS. 
 
 
En Mars 1269, Alphonse de POITIERS, par lettres patentes ratifiées par Jeanne de TOULOUSE, revient sur le cas de MONFLANQUIN au moment où il implante la Baylie de VILLEREAL (I8).
 
"Nous faisons savoir que nous accordons aux habitants actuels et à venir de notre bastide de Monflanquin, 1'honneur, territoire ou district tel qu'il a été auparavant délimité par Guillaume de BAGNOLS, quand vivait notre Sénéchal d'Agenais... et le confirmons après en avoir toutefois détaché les paroisses de Montaut, DEVILLAC, ESTRADES et St ETIENNE de LEVENTES que nous voulons mettre dans l'honneur de la Bastide de VILLEHEAL à laquelle nous les attribuons..."
 
"De plus, co:nme une même affaire ne doit pas être soumise à une espèce de double droit, nous voulons et concédons que les habitants de la Bastide de Monflanquin , habitant hors des murs, mais dans son territoire, paient seulement pour droit de justice 2 sous et 6 deniers, tout comme les citadins, pour les cheminées construites jusqu'à ce jour dans ce territoire."
 
"Afin de leur donner une licence plus libérale qu'il n'est de coutume pour la cuisson du pain à leur usage comme du pain à vendre, nous voulons et leur concédons, à tous et à chacun, la faculté d'avoir un four pour cuire leur pain sans payer le fournage; mais si dans ce four ils cuisent le pain du voisin ou le pain à vendre, ils devront nous payer annuellement pour fournage, à nous et à nos successeurs,10 sous arnaudins le lendemain de Noêl ".
 
"Et encore nous concédons libéralement par comble de grâce, aux habitants présents et futurs de cette Bastide et de son territoire, la faculté d'acheter leurs provisions de sel où ils voudront, sans qu'ils puissent être forcés par nous et nos successeurs, à l'acheter dans notre salin d'AGEN ou ailleurs dans notre territoire, ni en être empêché, si ce n'est de leur pure et gratuite volonté".
 "En foi de quoi nous avons fait apposer notre sceau Et nous JEANNE ... " (38)
 
Le 22 Juin 1269, le comte de TOULOUSE adresse, au Sénéchal d'Agenais et Quercy, trois mandements en faveur des trois frères Arnaud, Pierre et Henri de GONTAUD (seigneur de Biron).Ces seigneurs avaient déposé auprès du Sénéchal une plainte contre les habitants de CASTILLONNES, VILLEREAL et MONFLANQUIN (I8). Les habitants de Monflanquin pour leur part (I9) voulaient les obliger eux et leurs hommes, à payer la collecte pour la construction de la ville. Le comte mandait à son Sénéchal d'entendre dili­gemment les parties adverse et de faire prompte et bonne justice .  
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Le Traité de PARIS, de 1229, détournant l'héritage du comte de TOULOUSE au profit des Capétiens ne cesse d'être contesté par HENRI III.
 
Ces réclamations incessantes poussent le scrupuleux LOUIS IX à conclure les négociations d'ABEVILLE de 1258 qui cèdent le SAINTONGE à l'Ouest de la CHARENTE, l'AGENAIS et le Bas QUERCY: ces 3 provinces appartiennent au comte Alphonse de POITIERS, aussi LOUIS IX spécifie ne les abandonner qu'à condition que son frère meurt sans postérité, de plus il s'en réserve la suzeraineté. Cependant, il s'engage à payer au Roi d'ANGLETERRE une pension annuelle de 3720 livres 8 sous 6 deniers tournois comme indemnité pour l' AGENAIS; cette somme est loin de représenter le revenu de cette province, qui, en déduisant les frais d'administration s'élève chaque année à 16 000 livres, dont 200 proviennent de la Baylie de Monflanquin (2).
 
Ce n'est que le 21 Juillet 1259, en raison d'hésitations de LOUIS IX, que le Traité de PARIS est scellé confirmant les dispositions retenues. Cette même année 1259, puis en 1263, Alphonse de POITIERS procède à une "recognicio feodorum" qui, par le jeu des hommages, conforte les liens entre vassaux et suzerain.
 
En Août 1271, Alphonse de POITIERS et sa femme meurent presque en même temps au retour de la Croisade.
 

Sceau de Philippe III

 
 
PHILIPPE III, héritier de LOUIS IX @ - mort lui-même en 1270 à TUNIS - s'empresse de recueillir l'héritage d'Alphonse de POITIERS au mépris du Traité de PARIS. 
 
Le comté de TOULOUSE et la terre Agenaise  "tombent dans la main du Roi" : le "saisimentum" permet de faire le point sur les droits du souverain puisqu'il s'agit du procès-verbal des serments prêtés par les nobles et les communautés au représentant du roi après le décès du comte Alphonse. La cérémonie a lieu pour la Baylie de MONFLANQUIN au castrum de PENNE le 12 Novembre 127I. Les Consuls de Monflanquin, Raymond Arnaud de GRACCA, Stéphan de GARNERIA, Arnault FAURE au nom des paroisses et castra de la Baylie prêtent serment (20) entre les mains de Guillaume de COHARDON, sénéchal de CARCASSONNE et de BEZIERS, gouverneur pour le Roi du comté de TOULOUSE et de l'Agenais, assisté de Barthélémy DUPUY juge de CARCASSONNE (34).
 
A cette date, Bernard de LADEVESE devient adjudicataire de la Baylie de Monflanquin pour une somme de 190 livres 3 marc. Complétés par les 20 livres versées par Gaufridus ANDRAUT. Le tout cautionné par Philippe de HESPERIS, Géraud de BERNARD, Jean de BEAUTTET, Géraud de LASALLE, Géraud d'Anglars . En fait le roi touchera 200 livres 66 sols 8 den.(3)
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Plusieurs années après, lors de l'entrevue d'Amiens, le 23 mai 1279, EDOUARD Ier obtient enfin de PHILIPPE III la restitution de l'Agenais sans que ne soit mise à mal la paix de plusieurs décennies dont bénéficient les populations depuis 1229 (2I)

Sceau d'Edourd I°  

 
Ce résultat acquis, EDOUARD s' inquiète immédiatement d'en obtenir la réalisation et, dès le mois de Juin, il charge son oncle Guillaume de VALENCE de présider du côté anglais aux opérations de restitution, de prêter à l'évêque d'AGEN et aux populations les serments qu'ils avaient accoutumé de recevoir de leurs nouveaux seigneurs, de requérir d'eux en échange les reconnaissances féodales et les homma­ges dus maintenant au Roi d'ANGLETERRE (II).
 Moins pressé, PHILIPPE III prend seulement le 26 Juin les dispositions attendues de lui en priant les habitants de l'Agenais d'obéir fidèlement à leur nouveau seigneur Edouard Ier. Raoul d'ESTREE et Guillaume de NEUVILLE représentant le Roi de FRANCE arrivent à AGEN le 8 Août et le lendemain participent à l'assemblée des trois Ordres convoqués par leurs soins pour procéder à la remise solennelle de l'Agenais aux anglais, à l'exception de deux Bastides : CASTILLONNES et EYMET, parce que relevant du diocèse de PERIGUEUX.
 
Ce même jour, 9 Août 1279, Jean de VILLETTE, Sénéchal d'Agenais pour le Roi de FRANCE, se défait de ses fonctions et remet aux anglais les revenus du pays depuis le 23 Mai . 
 
Le 10 Août marque le début de l'administration anglaise en Agenais : Guillaume de VALENCE se rend à la maison commune d'AGEN accompagné de Jean de GRAILLY pour y recevoir les serments de fidélité des nouveaux sujets du Roi.
 
En même temps Guillaume de VALENCE pourvoit le pays de juges et de Bayles sans rien changer au système adopté par le Roi de FRANCE qui l'avait lui-même hérité d'Alphonse de POITIERS. Il déclare aussi devant la cour assemblée qu'il établit le Sénéchal de Gascogne Jean de GRAILLY en tant que Sénéchal d'Agenais à titre provisoire.
 
Selon la coutume le nouveau Sénéchal prête immédiatement serment aux habitants, une fois au nom du Roi et une deuxième fois en son nom personnel. C'est ensuite le tour de la noblesse, du clergé et des bourgeois auxquels se sont joints les Consuls de plusieurs villes, dont Monflanquin
 
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Partie 2 :  La Baylie : paysans, clercs, seigneurs   

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Bibliographie
 
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( 2) E. BOUTARIC " St Louis et Alphonse de Poitiers"
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( 3) Y. DOSSAT " Les divisions administratives de l'Agenais "
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( 6) P.F.FOURNIER "Enquêtes administratives d'Alphonse de Poitiers"
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( 12) G. ODO " Le bayle de Monflanquin au XIII° siècle "
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( 13) H.H. BAUTIER " Atlas historique français : Agenais "
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( 21 ) St. BAUMONT " Histoire de Villeneuve sur Lot"
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( 36) BOURIN-DERNAU " Temps d'équilibre,temps de rupture"
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