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Monflanquin
 bastide médiévale
seconde moitié du XIII° siècle . .(2)

 

Les sacrements de l'existence
 
Cette religiosité s'exprime par ailleurs fortement dans les sacrements qui marquent les grand moments de l'existence.
                                  
.- Naissance: la naissance d'un enfant est accueillie avec joie ce qui dénote au XIII* siècle un certain optimisme quant à l'avenir et une confiance réelle dans la vie. ( 15 ).
 
Le bébé, dans ses premiers jours, est mailloté étroitement, les bras allongés et des langes serrés de bandelettes. Dans le Sud Ouest on masse le crâne pour lui don­ner une forme plus élégante.
 
Pour tranquilliser l'enfant quand il pleure, on le "remue" fréquemment grâce à un berceau mobile dont le plus simple modèle est un morceau de bois pris dans un demi tronc d'arbre évidé; on utilise également des corbeilles en vannerie ou en bois.                                                          
 
La plupart des mères donnent elles mêmes le sein à l'enfant, les nourrices étant surtout le fait des grandes villes.
 
Sitôt l'enfant né, on songe au baptême, dans les trois jours qui suivent la naissance. On réunit le parrain et la marraine; l'enfant en a souvent deux ou trois car on ne tient pas de registre des naissances et le souvenir d'un tel fait est confié à la seule mémoire des témoins. Le ou les prénoms de l'enfant lui sont généralement choisis par ses parrains et marraines.
 
L'enfant est porté à l'église paroissiale le jour du baptême. Déshabillé, il est plongé dans la cuve baptismale bien que progressivement au cours du XIII* siècle cette immersion soit remplacée par le versement d'eau sur le front.
 
Au retour de la cérémonie voisins et voisines sont appelés à partager les joies de la famille en festoyant et buvant. Mais une naissance étant l'occasion de nouvelles charges, parents et amis apportent des cadeaux et surtout de la layette.
 
.- Mariage: le mariage est un acte d'importance familiale, économique, religieuse car au regard de l'église c'est un sacrement que les deux conjoints se confèrent mutuellement.
 
Le mariage est d'abord un acte d'importance familiale car la solidarité est très grande à l'intérieur de la famille.
 
Cependant, l'Eglise quant à elle proclame que l'homme et la femme s'unissent par un sacrement indissoluble qui engage le salut éternel mais surtout l'église affirme qu'elle ne prend en considération ni les autorisations ni les injonctions de la famille car seul compte le consentement mutuel.
 
Les fiançailles précèdent le mariage et se célèbrent par l'échange d'anneaux considéré à la fois comme un échange de cadeaux et la conclusion d'un contrat assorti d'effets de droit. L'église enregistre officiellement les fiançailles selon un rituel courant: les jeunes gens accompagnés de leurs parents sont reçus sous le porche de l'église par le curé en étole et surplis afin d'être reconnus fiancés.
 
Les fiançailles ainsi conclues ouvrent la période des bans qui durent habituellement quarante jours, afin que soit annoncé tout empêchement canonique . Pendant les bans il est interdit aux promis d'habiter sous le même toit.
 
La cérémonie du mariage répète celle des fiançailles. Les serments sont presque les mêmes et au même endroit: sous le porche la jeune fil le plus souvent en robe rouge, se présente avec une couronne sur les c veux flottants. Après l'échange des anneaux on entre dans l'église où bénédiction est donnée et la messe célébrée. Les époux y assistent couverts d'un même voile "le poêle", et ensuite ils partagent pain et vin avant de porter un cierge à l'autel. Enfin reconduits par leur entourage et le curé à la porte de l'église, ils entrent dans le cimetière tout proche pour aller prier sur la tombe de leurs morts.
 
On reprend le chemin de la demeure sous les poignées de grains lancés par les amis en disant "plenté, plenté", c'est à dire abondance. A la maison commencent repas et danses. A la nuit tombante le curé vient bénir le lit nuptial.
 
Il faut noter que le mariage des veufs donne généralement l'occasion d'un charivari.
 
.- La mort : lorsque la mort approche le malade s'y prépare comme à un acte religieux, le plus important de sa vie puisqu'il va fixer son sort éternel. I1 appelle alors le curé pour se purifier de toutes ses fautes dans une confession générale. Après quoi ne pouvant être en règle avec Dieu sans l'être avec les hommes, il établit un testament aidé par ce même curé ou par un notaire.
 
La fin approchant, les derniers sacrements sont donnés: un cierge allumé, symbole de la foi, est placé dans lamain du mourant tandis qu'on récite en son nom le credo: rite analogue à l'un de ceux du baptême; ainsi la vie du chrétien commence et finit par la même profession de foi.
 
Pour la cérémonie funèbre, le cadavre est porté à découvert sur un brancard par des parents. Le corps est inhumé soit sans cercueil et à même la terre, soit dans un cercueil de bois. I1 repose en terre bénite sauf si le défunt était juif, hérétique ou excommunié.
 
Le cimetière jouxte l'église mais les fidèles préfèrent, malgré synodes et conciles qui essayent de réagir, se faire enterrer dans l'église. Chacun veut en effet, par une sorte de pénitence posthume, être foulé aux pieds du prêtre, de la population.
 
Souvent les enfants viennent jouer dans le cimetière, il arrive que reflue jusqu'aux tombes le marché ou encore l'assemblée populaire voire les danses.
 
Le calendrier de l’annéede l’année
       
L'église organise aussi l'année, car de nombreuses fêtes païennes et populaires ont été transformées et plus ou moins maîtrisées à son profit. ( 16 ).
                             
Le calendrier médiéval est celui des fêtes de l'église. L'on ne dira pas le 30 Novembre mais le jour de la Saint André par exemple.
                             
A cela près l'année civile débute le 25 Mars dans le Sud­Ouest pour les notaires, mais pour la population la nouvelle année débute en temps de Noël et de l'Epiphanie
 
A la campagne les travaux sont achevés, les grands froids approchent et l'on reste au maximum à l'abri. Dans cette situation arrive Noël, de toutes les fêtes la plus joyeuse avec les maisons ornées de houx et de verdure. Au retour de la messe de minuit le réveillon.
 
Dans la foulée le Ier Janvier est jour d'étrennes, l'Epiphanie fête des rois où l'on tire la fève.
 
En Février, mois du froid, on rapporte de l'église, à la Chandeleur, le cierge béni, soigneusement réservé pour être allumé en cas de danger, d'orage ou au chevet des mourants.
 
Plus ou moins tôt, suivant l'année, arrive "Carême". Ainsi pendant les jours précédents on fait gras et il faut attendre le jour des Cendres pour calmer cette effervescence; chacun ce jour-là vient à l'église recevoir la croix tracée sur son front par le prêtre avec les cendres bénites pour lui remémorer ses fins dernières.
 
Aux Rameaux - ou Pâques Fleuries - on fait bénir les branches vertes avant de les placer dans les maisons et même les étables. La liturgie de ce jour comporte une procession où l'on fait figurer un âne en mémoire de l'entrée du Christ à Jérusalem.
 
Enfin, éclate l'allégresse pascale. Les chrétiens absous de leurs péchés viennent communier. Les cloches muettes pendant trois jours carillonnent, on s'offre des oeufs coloriée et l'on brise le jeune par des repas copieux.
 
Bientôt, les travaux des champs reprennent. Le paysan alentour taille ses arbres, bêche sa vigne, laboure la sole de printemps de ses cultures. Le Moyen Age qui a du mal à se défendre du froid apprécie profondément le renouveau.
 
Au début de Mai, les jeunes gens plantent un arbre garni de guirlandes autour duquel ils vont danser. Juin se termine par les fêtes de saints particulièrement aimés et célèbres: le 24 Saint Jean Baptiste et ses rondes autour des feux, le 29 Juin Saint Pierre et Saint Paul.
 
A la campagne, qui donne son rythme de vie à la Bastide, l'été est la grande saison d'activités. Les festivités locales très nombreuses prennent le relais des grandes fêtes, continuant parfois de très vieux cultes païens. Ces festivités se poursuivent jusqu'à la Saint Michel, le 29 Septembre.
 
In fine, la Fête des Morts et la Toussaint sont les grands derniers repères de l'année. Au déclin de la nature, la liturgie associe des méditations sur la précarité de la vie humaine et la gloire réservée à l'âme immortelle.
 
Le temps au quotidien
 
L'église rythme également la journée de la Bastide et de ses environs. ( 16 ).
                       
En effet, l'évolution du soleil dans une succession parfaite et immuable, fragment d'éternité appartient à Dieu donc à l’église.
                       
On continue à décompter les heures suivant l'habitude romaine : 12 Heures de jour et 12 Heures de nuit. Ces heures sont approximatives pour l'excellente raison que le temps de soleil est inégal au cours de l'année: l'heure passe de 30 / 40 minutes à 80 / 90 minutes   pour la nuit ou les jours sans soleil on emploie des chandelles brûlant de 3 à 4 heures cha­cune, la nuit faisant 3 chandelles. Il y a contradiction entre les heures théoriques égales en­tre elles et celles obtenue par chandelle, sablier ou clepsydre, cadran solaire... Or, l'immense majorité de la population n'en a cure, elle vit dans le temps de l'église rythmé par les offices.     
A minuit sonnent les "matines", celles de la chanson;
à trois heures les "laudes"
à six heures "prime" que suivent le cas échéant les messes privées
à neuf heures "tierce" que suit la grand-messe; à midi "sixte"
à quinze heures "none" dont l'anglais a fait "noon" et"afternoon"
à dix huit heures "vêpres" et à vingt et une heures "complies".
Ces heures servent de référence constamment : on dit "environ heure de prime", "après vêpres", "avant tierce"...
  
L'emploi du temps              
 
C'est dans ce cadre si dépendant du soleil et des saisons mais récupéré par l'Eglise que s'organise l'emploi du temps des Monflanquinois à cette époque. ( 16 ).
                                      
Le réveil a lieu su son des cloches et au cri du coq, un peu avant l'aube. Après trois signes de croix, en l'honneur de la Trinité, et une prière, on s'habille rapidement puis quelques ablutions, le cas échéant, forcément rapides puisqu'on les exécute tout habillé. Un petit déjeuner lé­ger et chacun se met au travail.
 
Vers tierce a lieu un nouveau repas ou du moins un fort casse-croûte certains vont même prendre un pot à la taverne. A sixte déjeuner suivi d'une pause plus ou moins longue: paysans et artisans reprennent vite le travail, les clercs se reposent ou Méditent.
 
Avec la nuit et l'office des vêpres toutes las activités professionnelles s'arrêtent: le paysan et ses bêtes rentrent, les artisans qui doivent exécuter leur travail au vu et au au de tout le monde ferment boutiques.
 
On allume quelques torches de résine ou la lampe à huile, la chandelle de suif, parfois on allume simplement l'âtre; le manque de luminaire écourte donc beaucoup les veillées et le souper est rapide. Avant même "complies" ( 21 heures ) on a presque partout couvert le feu, en ne gardant que quelques braises inoffensives pour. le lendemain. Toute la maisonnée gagne le lit ou la paillasse.
 
L' espace et le temps         
 
En ce qui concerne la grande masse de la population, à côté de la vaste indifférence aux imprécisions du temps dans son décompte, existe une égale indifférence ou une certaine incapacité à saisir l'espace au delà du bailliage.
                       
Mais comment un Monflanquinois cultivé du XIII° siècle conçoit-il, lui, le monde qui l'entoure ? Pour lui le monde créé par Dieu est un oeuf dont le centre est la terre; la conception d'ARISTOTE vieille de huit siècles est toujours admise. Ce monde est fait de quatre éléments chacun possédant deux qualités dont l'une est commune avec un autre élément :
la terre - sèche et froide - s'associe à l'eau par le froid;
l'eau - froide et humide - s'associe à l'air par l'humidité;
l'air - humide et chaud - tient au feu par le chaud;
le feu - chaud et sec - est lié à la terre par le sec.
Ces quatre éléments s'étagent de bas en haut du plus lourd au plus léger: la terre, l'eau, l'air, le feu. ( 17 ).
 
La terre qui mesure environ 37 500 kilomètres de tour, repose sur le néant par la puissance divine. L'océan l'entoure et des cours d'eau internes, il suffit de creuser le sol pour constater leur existence, tempèrent sa sècheresse natu­relle .
 
Cinq cercles divisent la surface terrestre, les zones extrêmes êtant inhabitables à cause du froid, la zone centrale à cause de la chaleur. Le paradis est au delà de ces cercles, vers l'Est, interdit aux hommes par une muraille d'or s'élevant jusqu'au cie1.L'en­fer est au milieu de la terre, peuplé de dragons et de vers de feu.
 
Pour ce même Monflanquinois cultivé, l'histoire peut se diviser en six périodes, ou "âges" : le premier allant de la chute des anges à la fin du déluge, le deuxième de la fin du déluge à ABRAHAM, la troisième d'ABRAHAM à DAVID, la quatrième de DAVID à la captivité de BABYLONE, la cinquième de la captivité de BABYLONE à JESUS-CHRIST, la sixième de JESUS-CHRIST au temps présent. 
 
Pour lui et ses contemporains, la prodigieuse complexité du monde environnant peut se réduire logiquement et théologiquement à l'unité, de même que la grouillante histoire universelle prend un sens général dans la construction progressive de la "cité de Dieu" poursuivie par l'homme depuis le commencement des temps.
 
Imaginaire et morale            
 
Dans l'esprit de l'homme du XIII* Siècle, il existe une intime interdépendance du macrocosme et du microcosme caractéristique essentielle de sa mentalité (16).
 
Les nombres que Saint AUGUSTIN considère comme des pensées de Dieu, donc éternels, sont riches de signification et en particulier ceux de I à 12 : ainsi 3 qui évoque trinité divine ou humaine (corps, âme, esprit), qui structure la vision du temps, de l'espace...
 
Les couleurs fondamentales au nombre de sept sont assimilées aux planètes mais portent des significations très générales et largement diffusées: ainsi le noir "sable de l'héraldique" associé à Saturne évoque la tristesse, la volonté farouche et sans nuances. Ce qui caractérise justement le PRINCE NOIR.
 
Il n'est d'étoile, si petite soit-elle qui n'ait son influence sur les hommes. Le destin des individus dépend donc étroitement de la planéte et du signe où elle se trouvait le jour de sa naissance.
 
Lapidaire et bestiaire contiennent autant de significations symboliques: toucher ou porter une pierre, voire un animal, se parer de sa dépouille, le représenter, l'évoquer, à chaque fois un sens, peut contenir un avertissement.
 
Il est intéressant de noter que l'église a le plus souvent récupéré ces symboles pour les res­tituer revus et interprétés par le christianisme. Il n'est pas jusqu'au costume écclésiastique qui ne possède une signification.
 
Cette interdépendance du macrocosme et du microcosme explique donc tout naturellement que le merveilleux fait partie de la vie quotidienne avec son cortège de superstition et de crédulité. Tout cela est également fondamentalement christianisé avec une dualité frappante: les miracles venant de Dieu tandis que tout ce qui reste inexpliqué, étonnant, effrayant, est attribué au diable.
 
Dès lors, un monde de sorciers et de suppôts de Satan est facile à mettre en évidence: les difformités physiques, les troubles mentaux, les névroses renforcées par la crainte de l'enfer.
 
De même que l'église investit symboles et imaginaire, de même elle intègre la dimension morale. Le péché est partout, l'épouvantable enfer est proche puisque la mort et le diable rôdent. Seules possibilités: demander aux saints et surtout à la Vierge MARIE d'intercéder auprès de la divinité ou bien d'obéir aux ordres du clergé. Aussi la culture élémentaire du chrétien comporte, indéfiniment répétés et plus ou moins assimilés, les dix commandements de Dieu et les douze articles de la foi.
 
Le temps des ruptures                                                                         
 
Cette omniprésence de l'église est tout de même confron­tée à des symptômes annonciateurs d'évolutions à venir.
 
Tout comme la Bastide est une rupture avec le village in­ formel, la maison à plusieurs pièces une extension de ce qui se faisait, la Charte une faille dans le système féodal, de même la parole, l'écriture et la pensée prennent de nouvelles formes et s'intensifient. ( 14 ).
 
La transmission collective de l'information connaît au XIII* Siècle une accélération essentielle. La littérature en est l'un e: des formes : quantité accrue et genres nouveaux comme la littérature allégorique, la poésie satirique qui est à l'origine de la satire politique.
 
La progression de l'écrit n'est pas un phénomène nouveau mais le XIII* siècle apporte plus qu'une inflexion de la courbe: une accélération considérable. C'est au XIII* siècle que l'Occident entre dans le temps du livre et le livre n'est pas totalement absent des campagnes. Une modification du rapport de l'oral à l'écrit s'instaure en même temps: la lecture silencieuse, courante, devient la règle. Mais le lecteur reste avant tout un clerc.
 
Tous ces lecteurs ont en commun un immense appétit de savoir. Le XIII° siècle est le siècle des Sommes, ces véritables encyclopédies. I1 faut, désormais, copier plus vite les manuscrits, et donc écrire plus vite d'où l'abandon progressif de la minuscule caroline au profit d'une écriture plus cursive, où la main ne se lève plus entre chaque lettre. L'écriture n'est plus celle des cloîtres mais des Universités.
 
L'écrit est générateur d'une bureaucratie d'autant plus qu'il s'accompagne d'une obsession comptable qui envahit tous les milieux sociaux du XIII* Siècle. Les enquêtes des Princes se multiplient, le Bayle et le Sénéchal sont là aussi pour ça. Nous sommes au cœur de la modification de l'Etat qui est en cours.
 
A l'Université l'étude d'ARISTOTE pose en termes différents le difficile équilibre de la foi et de la raison. Dès lors face à l'église officielle se dressent d'une part la tendance du dominicain THOMAS D'AQUIN qui veut concilier ARISTOTE et l'écriture mais surtout celle des Averoïstes qui inventent, pour suivre à la fois l'écriture et ARISTOTE la doctrine de la double vérité. "L'une qui est celle de la révélation, l'autre qui n'est que celle de la simple philosophie et de la raison naturelle" ( I'7 ). Débat loin des préoccupations Monflanquinoises, mais que l'on retrouve certainement, sous une autre forme, à la manière du paysan de MONTAILLOU qui déclare que "la statue de la vierge n'est après tout qu'un petit bout de bois dépourvu d'yeux, d'oreilles et de bouche véritables" ( 18 ), l'habitant de MONFLANQUIN est à la fois superstitieux, croyant et raisonneur.
 
Sciences et Techniques                                                                           
 
Cette part de raison qui investit le champ philosophique ne mène pas les universités jusqu'à s'intéresser vraiment aux disciplines scientifiques; l'esprit expé­rimental ne les caractérise pas. Les recherches sont donc menées en dehors de l'Université. ( 14 ).
                               
Des machines compliquées sont élaborées pour faciliter les calculs astronomiques dans la seconde partie du XIII* Siècle. Le traité de PIERRE de MERICOURT sur le magnétisme considéré comme une excellente approche scientifique date de la même période. Mais la plupart de ces chercheurs restent des isolés à qui manque la force de l'institution universitaire pour assurer la diffusion de leurs découvertes.
 
Le souci pédagogique qui saisit les techniciens les conduit à théoriser leur savoir dans des ouvrages. Ainsi en va-t-il des architectes PIERRE de MONTREUIL et surtout VILLARD de HONNECOURT lequel avec son album inaugure un ty­pe de publication qui préfigure l'Encyclopédie.
 
Certes le XIII° Siècle est moins riche que le XI* et surtout le XII° en inventions apportant de grands progrès énergétiques mais il en favorise l'extension comme pour le collier d'attelage et  les moulins activés par l'eau
ou le vent. A ce propos la Charte de MONFLANQUIN ne précise pas (Art. 20 ) si le ban seigneurial porte sur un moulin... La question reste en suspens.[ L'importance accordée aux moulins à vent et à eau est attestée par l'âpreté avec laquelle certains propriétaires défendaient leur monopole. Qu'on ose s'établir trop près de lui et le propriétaire traînait le concurrent devant un tribunal ou même usait de la force pour détruire le moulin du gêneur.] 
 
Par contre apparaissent la brouette, les boutons, les lunettes pour presbytes, le miroir de verre et le papier dont, il faut le dire l'habitant de MONFLANQUIN ne fera usage que progressivement. 
 
Mais d'une façon générale ceux qui auraient pu faire progresser les techniques de production par des investissements coûteux n'en sentent pas le besoin, voire ils sont contre. D'où une évolution contenue qui peut donner à l'observateur superficiel l'impression fausse d'une absence d'éléments favorables au mouvement, au changement. 
 
La  Musique                                                                                         
 
Au XIII* Siècle, à MONFLANQUIN comme partout ailleurs, deux types de musique monodique coexistent: le chant religieux ou Grégorien dune part et d autre part le chant profane celui du peuple et des Troubadours. (20 ) .
 
La musique chrétienne - que les Monflanquinois entendent à l'église Sainte Marie et que les Augustins pratiquent dans leur couvent - est solidaire de la liturgie. Son caractère essentiel est d'être un récitatif dont le rythme est libre, uni; avec une série ininterrompue d'élans et de repos dans une suite continue d'ondulations plus ou moins oscillantes, marquées par les accents du texte latin.
 
La musique profane existe parallèlement au chant monodique de l'église. Elle varie de forme et de fond suivant qu'elle s'adresse au peuple ou aux grands seigneurs; mais son origine semble être identique: c'est au chant Grégorien qu'elle a pris ses modes, ses for­mules, souvent même le rythme cadencé de certains hymnes, quelques paroles * en langue vulgaire remplaçant, ici et là, le latin. [Le rondeau petite poésie rimée dont un des vers est répété de place en place pour servir de refrain est destiné à être chanté et dansé, comme la ballade, pendant les rondes des fêtes du XIII* Siècle. ( 21 ). ]
 
C'est à cet art Grégorien et à cet art populaire que les Troubadours du MIDI empruntent des thèmes. Ces airs un peu rudes ils vont les polir, les enjoliver ou en créer d'autres. Le Troubadour est un " seigneur -poète " de vers et de sonorité qui trouve ( Trouba ) ou qui improvise, après quoi le plus souvent c'est à un jongleur, un ménestrel qu'il confie sa musique et ses vers. Ces ménestrels s'accompagnent de la harpe, mieux encore de la vielle, de l'orgue portatif.
 
Si cette musique, tant religieuse que profane, est celle que connaît l'habitant de MONFLANQUIN, parce que traditionnelle au XIII* Siècle, par contre déjà se constituent un peu partout en Occident les assises définitives de la polyp4onie avec entre autres l'école de Notre Dame de Paris ( 1150 - 1330 ) qui se rattache à PEROTIN. L'art gothique en matière architecturale s'accompagne de la naissance et l'évolution d'un d'un art nouveau la polyphonie ou poly mélodie.