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Monflanquin
 pendant la guerre de Cent Ans
 (2)
la Principauté du  Prince Noir
(1355 - 1373)
Sommaire des 3 parties de l'étude . .
Partie 1 : Capétiens et incursions des Anglo-Saxons.
Partie 2 : Principauté du  Prince Noir
Premier raid du Prince Noir : 1355
Second raid du Prince Noir : 1356
Monflanquin dévolu au sire de Limeuil : 1357
La Cinquième Génération de Monflanquinois
La Principauté d'Aquitaine : 1362-1363
Monflanquinois, sujets Anglais
Le nom de "Prince Noir"
La maison du Prince Noir à Monflanquin
Fin de la Principauté : 1370
Partie 3 : Retour des Capétiens
Annexe : Mémoire locale, Bibliographie et internet
 
                                                      *         *
                                                           *                                                             
Premier raid du Prince Noir : 1355
 
 Le 20 Septembre 1355 le Prince Noir [le nom de "Prince Noir" semble plus tardif dans l'Histoire], que ses contemporains appellent Edouard de Woodstock  Prince de Galles, débarque  à Bordeaux avec 1.000 hommes d'armes et 11.000 archers (5)....
 
Le lendemain de son arrivée il fait donner, dans la cathédrale, lecture des lettres de son père : Édouard III octroie pleins pouvoirs à son fils Prince de Galles, institué Lieutenant d'Aquitaine (27).
 
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Il part de Bordeaux le 5 Octobre : sur le conseil de Jean Chandos il lance une chevauchée parfaitement inattendue vers le Sud-Est  avec 1.500 lances, 11.000 archers et 3.000 bidauts c'est à dire des troupes légères armées de dards, d'une lance et d'un poignard (5).
           sceau de Chandos
 
 Partie de Bordeaux, son armée traverse la Garonne à Port Sainte Marie, ravage l'Astarac, l'Armagnac, puis par Toulouse envahit le Languedoc et ne s'arrête qu'à Narbonne. Elle ne s'attarde pas, puisqu'il ne s'agit nullement d'une conquête mais de pillage. Remontant en sens inverse, elle vient repasser le fleuve à Port Sainte Marie et regagne Bordeaux. Le  Prince_noir  pourra, le jour de Noël, écrire à son père Édouard III que la mission est accomplie. (20).
 
Une mission qui est le prototype de ce que sera longtemps cette guerre qui n'en finit pas de commencer : des chevauchées sans autre objet que le pillage, et sans autre but qu'un port de rembarquement.
 
 La troupe passée, villes et villages touchés pansent leur plaies et, avec ceux qui ont été épargnés, respirent un instant. Ensemble ils attendent dans l'angoisse la prochaine équipée.
 
Quant au soldat, on voit mal à quoi il sert, sinon à semer la terreur; on aura du mal à lui faire comprendre par la suite que le pillage est interdit dès lors qu'il ne sert plus au Prince. Les mécanismes menant aux Grandes Compagnies, de fâcheuse réputation, sont en place.  
 

wpe214.jpg (22992 octets)

Mais, en cette année 1355, le Prince Noir peut se flatter de la réussite de sa mission. Au retour de cette équipée, l'entrée à Bordeaux est un interminable défilé de chariots.  Les Gascons, si nombreux sous les ordres du Prince que l'on peut parler de l'armée anglo-gasconne du Prince Noir, sont ravis. Pour la plupart ces bidauts sont de pauvres bougres recrutés sur les terres ingrates du pays landais, ce qu'ils ont vu les a éblouis .....
 
Second raid du Prince Noir : 1356
 
Lorsqu'il congédie son armée, puisque l'hiver est là, le Prince Noir ne court pas grand risque. Il sait qu'il retrouvera ses soldats au printemps, et sans qu'il soit besoin de hausser la solde.
 
 L'effet psychologique est énorme et la réputation du Prince de Galles se nourrit de cette campagne militaire réussie.
 
wpe213.jpg (21767 octets)Cette réputation de stratège d' Édouard de Woodstock est désormais établie en même temps que la crainte de son armée aux actions si redoutables. A Monflanquin comme partout dans le Royaume..
 
Surtout qu'une partie de l'Agenais a été réoccupée au retour (28) et que *Chandos a poussé jusque dans le Haut Agenais, malgré le comte d’Armagnac posté à Agen mais resté sur la défensive (13)
 
Dés les premiers jours de Janvier 1356 le Prince noir se préoccupe de faire venir de nouveaux contingents d' archers car il songe à sa prochaine chevauchée (27).      
 
En Mars - Avril, accompagné de son armée anglo-gasconne, il feint en quittant Bordeaux de reprendre le chemin du Midi : il s'avance jusqu'à la Réole puis, faisant volte-face, il remonte vers Bergerac (8).
 
Le parcours emprunté n'est, semble-t-il, plus tout à fait celui suivi par Derby une décennie auparavant. La trajectoire est plus à l'Ouest et donc éloignée de Cancon, Castillonnès, Villeréal ou Monflanquin. 
 
 Type d'homme d'armes

Cependant, cette même année, Monflanquin passe sous le contrôle du Prince Noir. La question est de savoir si c'est au cours de cette remontée vers le Nord, bien que le gros des troupes ne soit pas passé par là ou si la ville s'est rendue après la lourde défaite de Jean II à Maupertuis prés de Poitiers le 19 Septembre.               

 A moins que -  mais cela  reste à prouver -   que ce ne soit même l'année précédente lors du raid, dans le Haut Agenais, de Chandos connétable d'Angleterre. En tout état de cause avant la signature de la paix de Brétigny.[Chandos Jean ( ? - 1370) Connétable d'Aquitaine. Adoubé Chevalier par Edouard III pour ses hauts faits d'armes, il se montre l'égal de Du Guesclin qu'il fait d'ailleurs prisonnier.]
 
Monflanquin dévolu au sire de Limeuil : 1357 
 
En effet, en 1357, une décision du Prince Noir, concernant Monflanquin, prouve que la bastide est en son pouvoir à cette date. Elle s'est rendue avec Penne, Tournon et Villeneuve malgré la trêve accordée pour deux ans par le Prince Noir ( 29).
 
 L'année précédente, le Prince Noir avait déclaré sa résolution de châtier, réduire et dompter les rebelles à son autorité. Il n'alla pas jusqu'au bout de ses vengeances et même les rebelles purent exploiter ses victoires et les amener à servir leurs propres intérêts. le fait est curieux à constater (30).            
 
Le 11 avril 1357, en échange d'un acte de soumission, Arnaud de Montagu obtient le pardon de tous les excès commis par lui-même ou par ses compagnons et serviteurs, la remise de toutes les peines civiles et pécuniaires encourues pour ses crimes.... et bien d'autres avantages.
 
L'alliance d'un autre seigneur gascon, Jean de Gallard sire de Limeuil va coûter encore plus cher.
 
             Prince noir
Les principales conditions du contrat prévoient : 2.000 livres tournois à Jean de Gallard lui-même en compensation des domaines confisqués par le roi de France; 2.000 autres livres pour sa fille si elle épouse un des fils du sire d'Albret; tous les revenus du "château de Monflanquin" en Agenais, avec les droits de haute, moyenne et basse justice; la perception de l'impôt des vins d'entre-Dordogne; la ferme de la prévôté de l'Ombrière et celle du château et de la châtellenie de Clairac; la confirmation de tous les droits de propriété, des salins et des pariages, octroyés jadis par le roi de France.
 
De plus, tous les tenanciers du sire de Limeuil sont exemptés des subsides et des tailles. Le Prince Noir s'engage à n'exiger d'eux les aides extraordinaires que dans le cas d'extrême nécessité et seulement après avoir obtenu l'assentiment de leur seigneur.
 
Enfin, pour compenser "les grandes sommes d'argent qu'il disait perdre à cause de la dite obéissance" Jean de Galard recevait 1.000 écus d'or. (31).
 
Il reste à savoir combien de temps exactement le sire de Limeuil conserve le bénéfice de cette attribution de Monflanquin. Mais, quelque soit ce laps de temps, il y a dans cette décision du Prince Noir une preuve de la perte évidente de liberté de manoeuvre qu'avait eu la jurade de Monflanquin jusque là : il n'est plus question pour elle de monnayer, par des privilèges reconduits, la reconnaissance du pouvoir central. Celui ci dispose de la bastide à son gré !
 
 A la même époque, *Jean III de Grailly, captal de Buch (20),[Jean III de Grailly, captal de Buch ( ? - 1377) : petit fils de Jean I  de Grailly, qui avait réglé la question des remparts de Monflanquin (37), il est  compagnon de Chandos.] est propriétaire de Roquefère : des retouches du château sont d'ailleurs architecturalement du même style que celui de la maison du Prince Noir (32). Ami de Jean de Chandos il lui cède la seigneurie de Roquefère sa vie durant, mais à condition qu'elle lui reviendrait, ou à ses héritiers, après sa mort. Comme il meurt sans héritier un long procès interminable s'ensuivra (33).       
 
 La Cinquième Génération de Monflanquinois
 
 Ce rapport contraignant avec les Plantagenets doit paraître définitif en l'année 1360 où les conférences de Brétigny, en Mai, et le traité de Calais, du 24 Octobre, donnent le sentiment qu'une phase nouvelle s'ouvre en Agenais.
En effet, le traité de Brétigny-Calais reconstitue la Guyenne aussi vaste que celle du XII° siècle, avec pour noyau Bordeaux. On y retrouve entre autre : l'Agenais,  le Périgord et le Quercy.... Mais surtout cet immense territoire, un tiers du royaume, cesse d'être soumis à l'hommage au roi de France; c'est à dire qu'il est abandonné au roi d'Angleterre en pleine souveraineté : 
             Roquefère 
amputation et abandon qui devaient avoir en contrepartie la renonciation d’Édouard III à la couronne de France (28).
                       
Pour la jurade de Monflanquin exit les appels auprès du   roi de France, et pour les monflanquinois s'impose la perspective d'une obligation de se conformer aux règles du Royaume d'Angleterre.
                       
En un temps où la mémoire orale est vive, les Monflanquinois contemporains des années 1360 ne peuvent que faire un triste parallèle entre leur condition présente et celle que l'histoire locale leur apprend sur ce que pouvait être la vie des pères fondateurs de la bastide un siècle plus tôt : expansion démographique (34), famines et épidémies inconnues, paix généralisée pour ne retenir que les grands thèmes.
                       
La peste, apparue en 1348, est suivie de beaucoup d'autres retours périodiques de ce mal, ce qui entretient un état général de nervosité et de peur. Les années 1360-1361, 1364, 1375 vont être particulièrement meurtrières... A défaut de médecine on invoque St Roch, réputé pour préserver de l'épidémie (28).
 
Prince Noir.jpg (13339 octets)Les épidémies de peste, souvent préparées elles-mêmes par des années agricoles déficientes, engendrent des périodes de famine. Les guerres et leur cortège de ravages produisent aussi de très nombreux cas de disette.
 
Les accidents climatiques , grands froids d'hiver ou automnes humides, sont également responsables d'amples et rapides oscillations de la production, d'où encore des crises désastreuses de subsistances.
            Prince noir                                     
Au total, il semble que la conjonction de ces divers facteurs ait provoqué dans la région, après celle  de la peste en 1348, des crises alimentaires en 1361 et 1368 puis des années tragiques de disette et de famine entre 1373 et 1375.
                       
A cela s'ajoute, après les raids éprouvants pour les populations touchées, le comportement des troupes licenciées. Les Malandrins, soldats privés de solde, se donnent des chefs et se répandent en compagnies armées dans l'Agenais pendant l'année 1361. Traqués ils s'échapperont vers le Périgord et de là vers l'Auvergne. Mais leur passage a aggravé le sort de l'Agenais.
                       
Triste bilan pour la cinquième génération de Monflanquinois qui vit ces sombres décennies !
 
La Principauté d'Aquitaine : 1362-1363
 
Une fois achevé le transfert des territoires, Édouard III regroupe, le 19 Juillet 1362, toutes ses possessions du Sud-Ouest en une vaste Principauté d'Aquitaine qu'il confie pour sa vie durant à son fils aîné le Prince de Galles, autrement dit le Prince Noir (8).
 
Celui ci débarque à la Rochelle en Juillet 1363 et va recevoir les hommages de ses nouvelles provinces aussi vite que possible à Bordeaux. Cela ne l'empêchera pas de faire une "tournée d'hommages" entre Août 1363 et Avril 1364 qui le mènera à Bergerac (35)... Cahors (36)... Agen (30).
 
La question de son passage par Monflanquin, dès lors, reste posée.
 
D'autant plus que les consuls de la bastide sont venus, comme une masse d'autres représentants, à Bordeaux pour prêter cet hommage.
 
Le 15 Juillet 1363, en l'église St André, "environ l'heure de mi jour, en  présence  de moi,  Pierre de Maderan   notaire surnommé, de   Monsieur   de  Standford, Monsieur Jacmes d'Audèle, Monsieur Mel lo Brint, maistre Jehan d'Estretgle chancelier d'Aquitaine, maistre Jehan d'Harewelle connestable de Bordeaux, et pluseurs aultres, a les choses soubz escriptes tesmoignes..."(38).
 
                       Par devant le seigneur prince d'Aquitaine et les commissaires se présentent en faisant révérence les maires, jurats, consuls et autres délégués en nom et lieu des communes et universités des villes dont la liste suit, fort longue et où s'inscrivent : ... Penne.. Villeneuve d'Agenais... Villeréal... Castillonnès... Ste Livrade ... Monflanquin ( 38).
         Léopard d’or
du Prince noir
 Les consuls Gaillard de Fulliers et Raymon Audebert de Monflanquin prêtent serment d'allégeance au cours de  cette cérémonie à Bordeaux comme l'avaient fait en Août 1279 à Agen leurs lointains prédécesseurs; quand Édouard I° avait récupéré l'Agenais grâce au traité d'Amiens (37).

 Ainsi, les Monflanquinois reviennent dans l'orbite de Bordeaux au détriment de Toulouse, comme ils le font chaque fois que la bastide passe sous le contrôle des Plantagenets. Mais cette fois les Monflanquinois s'installent, avec l'Agenais, dans le cadre de la souveraineté des rois d'Angleterre.

 C'est un changement considérable par rapport à ce qui arrivait jusque là, quand la souveraineté des Capétiens était préservée. Cette fois c'est l'amorce d'un processus qui fait des Monflanquinois des sujets anglais !
 
Monflanquinois, sujets Anglais
 
Bordeaux devient une capitale, où une administration étoffée se met en place : les problèmes et les difficultés d'un pays étendu imposent un élargissement corrélatif des cadres.
 
Le prince peut donner des terres en domaine comme en fief. Il frappe sa propre monnaie et, pour exprimer sa situation sans précédent, crée des types nouveaux de pièces : le "léopard" et le "guyennois". Il nomme et révoque les fonctionnaires. Il ne doit à son père que l'hommage lige et le paiement d'une once d'or de cens récognitif par an.  Pratiquement, l'Aquitaine agrandie, devenue principauté, a acquis une sorte d'autonomie.
 
Il s'ensuit un développement considérable des institutions. Le Prince Noir crée une foule d'Officiers de Cour : connétable, maréchal, trésorier, militaires pour la plupart.
                       
L'administration de la principauté se centralise. La présence du prince réduit à un rôle de second plan le sénéchal, le connétable de Bordeaux et le chancelier qui subsistent et sont nommés par lui. Les sous-sénéchaux sont multipliés, car dorénavant le territoire comprend treize sénéchaussées
 
Sur le plan local, des fonctionnaires inférieurs sont nommés en nombre: baillis, prévôts, châtelains, garde-sceaux ou procureurs chargés de rendre la justice auprès de chaque sous-sénéchal.
 Les Monflanquinois assistent donc à un resserrement de l'emprise du pouvoir central, plus proche dorénavant, et à une évolution de la justice.
 
En matière de justice précisément : le Conseil de Gascogne pour juger les fonctionnaires indélicats devient le Grand Conseil; La Cour de Gascogne fixée à Bordeaux de façon permanente voit croître sa compétence. Enfin et surtout les appels sont détournés 
        sceau  du Prince Noir 
de Paris, la souveraineté de Londres étant ainsi affirmée : une nouvelle Cour de justice, appelée la Cour des Grands Jours, est créée dès 1366 pour exercer cette juridiction suprême.
 
De sorte que les habitants de Monflanquin, au même titre que tous les sujets de la principauté, se trouvent face à un prince qui est à la fois tête de l'administration et source de la législation, de la justice ....  Les Monflanquinois, en l’occurrence, sont complètement coupés de la monarchie française.
 
Le nom de "Prince Noir"
 
 Lorsqu'il est arrivé en 1355 pour la première fois en Aquitaine, le jeune Prince de Galles est précédé d'une flatteuse réputation sur le plan militaire.
                       
Lors de la victoire de Édouard III sur Philippe VI à Crécy, en Août 1346, alors adolescent de seize ans, il s'est distingué : Édouard de Woodstock, prince de Galles et comte de Chester, a contribué pour une grande part à la déconfiture du roi de France et de ses chevaliers (27).
                       
Le raid de 1355 dans le Midi de la France et sa victoire à Maupertuis, près de Poitiers, en 1356 confortent cette réputation de redoutable capitaine. Sa capture du roi de France Jean II ajoute à sa gloire. Et ce qui ne gâche rien, ses deux campagnes se soldent par des butins et  des rançons remarquables.  Mais à aucun instant il n'est question de "Prince Noir" sous la plume des contemporains !
                      
Froissart, qui vécut longtemps auprès de lui, ne qualifie jamais le jeune Édouard de "Prince Noir". Aucune chronique de son temps ne le désigne ainsi. Le nom de "Black Prince" apparaît pour la première fois dans la chronique publiée par Grafton en 1559.
                       
Rien ne permet d'imaginer que le fils d’Édouard III portait une armure noire, comme l'affirme péremptoirement un auteur du XIX° siècle, dont l'affirmation a connu tant de succès par la suite.
                       
Cependant il faut retenir, d'après les comptes du prince, qu'il commandait du velours noir pour se faire confectionner des capulets. Faut il voir dans cette coiffure et cette couleur l'origine de ce qualificatif  ? A-t-il été colporté oralement jusqu'au XVI° pour être alors transcrit par Grafton ou bien celui ci en est il purement et simplement l'inventeur ?
                       
Quoiqu'il en soit, le choix de la dénomination marque, pour le moins,  des réserves à son égard. Et pourtant, en 1363, lorsqu'il revient d'Angleterre en Aquitaine il vient d'épouser la belle Jeanne de Kent, veuve de son ami d'enfance, Thomas Holland, la ville de Bordeaux lui réserve un accueil qui manifeste son attachement à ce jeune prince et non pas des réserves.
 
La maison du Prince Noir à Monflanquin
 
 Si le nom de "Prince Noir" pose problème, que dire de la maison du Prince Noir sur la Place des Arcades...
        
 
 
 
 
 
 
       maison
du Prince Noir 
 
 
·      Une première question ne peut être esquivée, même si elle paraît subsidiaire : - Quand ce nom a-t-il été donné au bâtiment ?
 
Si l'on se réfère à la tradition écrite concernant le nom de Prince Noir, il ne saurait être en usage avant le XVI° siècle.... Les archives de Monflanquin du XVII° n'en portent aucune mention... Au XIX° siècle la notice historique de l'archiprêtre de Monflanquin , J. Castaing , n'en fait aucune mention. Au début du XX° siècle, les cartes postales n'utilisent pas ce qui pourrait être pourtant un argument de vente...
 
Si l'on se réfère à la mémoire orale, il est difficile de se prononcer. Encore qu'il soit surprenant, si la tradition orale sur ce point était forte, que la notice historique de 1841 sur Monflanquin (46) n'en tire pas profit dans le paragraphe sur la guerre de Cent Ans et que les cartes postales plus tard y soient restées insensibles.
 
 ·      La seconde question concerne la signification que l'on donne à "Maison du Prince Noir" : - y a-t-il séjourné lors d'un déplacement ? (possibilité : Août 1363 - Avril 1364)    - y a-t-il installé le représentant de son autorité ?
 
Aucun document à ce jour ne permet de répondre. 
 
·      Une troisième question peut se poser très logiquement : - Quand cette Maison a-t-elle été  construite ?
 
Son style gothique tardif pourrait correspondre à la décennie 1360-1370 de la Principauté  .... En faisant abstraction des retouches plus récentes, bien sûr. La discussion reste ouverte.
 
Mais, peut être, le Prince Noir a-t-il fait construire cette maison de style gothique tardif, d'où son nom..... Il n'existe pas de document, connu, à ce propos.
 
                                            Beaucoup de questions en somme !
 
Fin de la Principauté : 1370
 
 La remise en cause de la situation politique, créée à Bretigny,  ne vient pas de Charles V [Charles V le Sage (1364-1380) Fils de Jean II le Bon , il  débarrasse le royaume des Grandes Compagnies et chasse les Anglais de presque toutes les provinces conquises. Grâce à une politique prudente et à Du Guesclin] mais des grands feudataires gascons (20).
                       
L'expédition en Espagne a désorganisé complètement les finances de la Principauté, ce qui oblige le Prince Noir, en Janvier 1368, à établir un fouage de dix sous par feu pour une durée de cinq ans. Alors des protestations se font jour (8).
 
Le comte d'Armagnac fait appel de cette décision à Édouard III et aussitôt à Charles V qui, après consultation de ses propres juristes, estime qu'il est en droit de recevoir cet appel en son Parlement. En Janvier 1369 le Prince Noir est cité à comparaître à Paris; sa réponse est pleine d'ironie et de superbe.... Le 30 Novembre Charles V prononce la confiscation de l'Aquitaine. Mais à cette date les hostilités avaient repris depuis plusieurs mois.                       
 
Cahors avait en effet secoué le joug anglais dés le 15 Janvier ... Le mouvement insurrectionnel s'était propagé avec une telle rapidité que, le 18 Mars, neuf cent vingt et une villes, châteaux et lieux forts d'Armagnac, Lomagne, Quercy, Agenais avaient adhéré à l'appel lancé auprès du roi de France (7-b)...
                       
Assuré de l'appui royal et fort des promesses financières, le parti des appelants grossit; dans une ambiguïté constante de ce qui est hostilité véritable au fouage et ce qui est prétexte fiscal à la rébellion. Monflanquin baigne dans cette ambiguïté.
 
Le 15  Janvier 1371, le Prince Noir, atteint d'hydropisie, fait ses adieux aux Bordelais, dans la cathédrale St André, avant de rejoindre l'Angleterre. Un an plus tard, à Londres, il renonce à la Principauté d'Aquitaine.
 
Redevenu duché, l'Aquitaine perd l'autonomie qui avait été la sienne. Le Prince Noir mourra en Juin 1376, alors que du Guesclin et Jean I° d'Armagnac n'ont cessé de gagner du terrain sur le continent.
 
                                                           *          *
 
                                                                *
 
Suite de l'article :
Partie 3 : Retour des Capétiens