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 Monflanquin
 pendant la guerre de Cent Ans
 (1)
(1328 - 1354)
Sommaire des 3 parties de l'étude . .
Partie 1 : Présence des Capétiens et incursions des Anglo-Gascons.
La Quatrième Génération  de Monflanquinois : 1324
Le Vidimus de Philippe VI : 1328
Guerre de Cent  Ans : 1337
Premières Campagnes : 1328-1345
Première incursion de Derby : 1345
Seconde incursions de Derby : 1346
La peste noire : 1348
Etat de choc
Entre trêve et guerre : 1350-1354
Partie 2 : Principauté du  Prince Noir 
Partie 3 : Retour des Capétiens
Annexe : Mémoire locale, Bibliographie et Internet
  
  De la même façon qu'elle a bénéficié de l'essor d'un XIII° siècle rayonnant, la population de Monflanquin va devoir subir les angoisses d'un XIV° et d'un XV° siècles particulièrement sombres.
 
L'alternance de son appartenance à la couronne de France puis à la couronne d'Angleterre, situation déjà expérimentée par la bastide (1) pendant la période précédente, va se poursuivre; mais cette fois dans des conditions plus difficiles :
 
1324 - 1356       Capétiens (et incursions des Anglo-Gascons )
1356 - 1372        Plantagenets : le Prince Noir  
1372 - 1453        Capétiens (et incursions des Anglo-Gascons )   
 
En effet la guerre de Cent Ans entre les deux monarchies va apporter son lot de destructions, de famines et d'épidémies.... Autrement dit "les trois cavaliers de l'Apocalypse"....                                                                                                                                                                       
La démographie s'essouffle, les champs sont désertés, la production agricole s'effondre, le commerce s'amenuise .... La population de la bastide devient exsangue, des gens d'armes s'y installent pour organiser sa défense...
 
La fin de cette longue guerre, en 1453, permettra de retrouver un équilibre nouveau : la démographie reprend un rythme d'accroissement, les bâtiments sont reconstruits, la campagne s'adapte aux exigences du moment.. la seconde partie du XV° siècle est le témoin de tout un renouveau.
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                                                            *             *    
                                                                  *
 
I. - Présence des  Capétiens et incursions des Anglo-Gascons.
 
La Quatrième Génération  de Monflanquinois : 1324
 
Si la seconde et troisième générations de Monflanquinois ont vécu sous l'autorité des Plantagenets (2), il n'en sera pas de même de la quatrième génération qui retrouvera les Capétiens. Malgré les offres d’Édouard II qui s'évertue à consolider sa position dans le Duché de Guyenne et rassurer ses sujets, qui pourraient être tentés de rester dans l'expectative.
 
En 1323, par l'Ordonnance de Pontefrac, le Roi-Duc décide de faire un grand effort pour donner à l'administration de l'ensemble du Duché unité et efficacité. L'Ordonnance renforce la centralisation de l'administration  autour du  Connétable et du   Sénéchal de  Bordeaux; surtout cette Ordonnance mentionne un nouvel officier spécialisé: le juge des appels civils. (3)
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Au moment où l'on peut avoir à Monflanquin, comme ailleurs dans l'Agenais, le sentiment d'une intégration plus poussée dans la structure voulue par les Plantagenets, l'affaire de la Bastide de St Sardos éclate.
 
Située dans le domaine du Roi-Duc Plantagenet, le seigneur direct en est le Prieur de Sarlat qui, lui, relève de l'autorité du Capétien *Charles IV.[Charles IV le Bel (1322-1328) troisième fils de Philippe le Bel mort en 1314. D'où la succession : Louis X le Hutin (114-1316), Philippe V le Long (1316-1322) et enfin Charles IV le Bel né en 1295 et dernier capétien direct à régner.] Situation exemplaire des conflits et interventions entre les deux familles régnantes :
                       
Le seigneur de Montpezat, vassal d’Édouard,  construit à St Sardos une forteresse. Le Parlement de Paris rend un jugement selon lequel ce château relève du Roi de France.
 
A l'automne 1323, le sire de Montpezat et le Sénéchal de Guyenne, en réponse au Parlement, s'emparent du château et le détruisent. Charles IV demande réparation à Édouard II qui envoie pour négocier son frère Edmond, lequel accepte la restitution de St Sardos et la "livraison" du Sire de Montpezat. Mais l'exécution des engagements tarde et Charles IV en prend prétexte pour demander au Parlement de prononcer la Commise du fief de Guyenne, d'autant plus que son Duc n'a pas encore prêté hommage au nouveau Roi de France. La sentence est rendue le 1° Juillet 1324. (4)
 
Le Roi charge son oncle, Charles de Valois, d'occuper la Guyenne. Le vieux Comte se porte en premier vers l'Agenais où les villes ne résistent pas, peut être en raison des impôts demandés par le Prince Edmond et jugés excessifs. Monflanquin repasse sous l'autorité directe des Capétiens pendant l'été 1324.
 
Le 31 Mai 1325 les deux Rois concluent un traité de Paix: Charles IV restitue la Guyenne à Édouard II....mais l'Agenais reste aux Capétiens. On réserve cependant au Roi-Duc la faculté de faire valoir ses droits devant la Cour des Pairs.
 
Pour se dispenser du voyage à Paris, ainsi que de l'Hommage pour l'Aquitaine, Édouard II cède le Duché à son fils le Comte de Chester. Ce Prince âgé de treize ans vient remplir son devoir de vassal auprès de Charles courant 1325. La Guyenne lui est remise, mais non l'Agenais (5) : Monflanquin reste d'obédience capétienne.
 
Le calme à peine revenu, Édouard II meurt en 1327 et le jeune Comte de Chester lui succède sous le nom de *Édouard III. [Édouard III (1327-1377). En tant que petit fils de Philippe IV le Bel, par sa mère Isabelle de France, il revendiquera la trône de France en tant que Capétien direct par les femmes. Contestant ainsi le choix de Philippe VI de Valois pour successeur de Charles IV.]
 
Quelques mois plus tard, c'est Charles IV qui disparaît. Aussi le problème de l'Hommage pour la Guyenne se repose dans toute son acuité dés 1328, mais dans des termes nouveaux.
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Le Vidimus de Philippe VI : 1328
 
Tout comme ils l'avaient fait avec les Plantagenets, les habitants de Monflanquin attendent des Capétiens de retour une confirmation de leur statut, voire une amélioration. Le litige entre les deux familles princières offre, pour eux, au moins l'avantage d'ouvrir une marge de manoeuvre, appréciable à l'époque.
 
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En 1327, Édouard III monte sur le trône d'Angleterre et quelques mois plus tard Philippe VI de Valois reçoit la couronne de France : le problème de l'Hommage pour la Guyenne se repose donc  dés 1328. Les Monflanquinois comme bien d'autres réclament à **Philippe VI [Philippe VI de Valois (1328-1350).  Battu à Crécy il perd Calais, mais achète le Dauphiné et Montpellier], à la recherche d'appuis, des signes tangibles de son attachement au respect des Coutumes de la baylie.
 
Demande d'autant plus entendue par Philippe VI que son adversaire, Édouard III, écrit depuis Nicole, le 28 Mars 1328, à Jean de Haustède, son Sénéchal de Gascogne, et à Jean de Weston, son Connétable de Bordeaux, pour leur annoncer son intention de recouvrer ses droits et héritages en France. Il leur ordonne à cet effet de convoquer tous ceux qui pourront l'aider. (6)      
                       
 
En Décembre 1328, Philippe VI confirme donc depuis Paris, sous forme de *Vidimus,[Vidimus : Acte diplomatique qui reproduit la teneur d'un acte antérieur, public ou privé. Cet Acte commence par la formule "Vidimus" c'est à dire "nous avons vu..."  (60)] les lettres du 20 Avril 1289 signées par Édouard I°. Il y était précisé que les six Consuls seraient choisis par le bayle parmi les douze prud'hommes présentés par les habitants. C'est donc conforter le système de délégation mis en place par les Plantagenets qui avaient modifié celui retenu par les Capétiens à l'origine (1).wpeBC.jpg (13916 octets)
 
En Janvier 1329 Philippe VI revient sur le dispositif de la baylie de Monflanquin, dans le même espoir de se concilier le plus possible les populations locales : le Roi permet aux habitants "forenses", installés hors de la ville de Monflanquin, de présenter au bayle pour le Consulat six prud'hommes en les ajoutant aux six  déjà retenus par les "villici", logés à l'intérieur des remparts (7-a).
 
Ce jeu d'équilibriste entre les deux puissances princières, réussi sans trop de mal jusque là, va prendre une tournure nouvelle sans que les contemporains n'en soient bien conscients à cette date. Pour le moment les Monflanquinois peuvent avoir le sentiment que le XIV° siècle dans lequel ils s'avancent ne fait que reproduire à peu de choses prés le XIII° siècle qu'ils ont laissé derrière eux.
 
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Longues Tractations : 1329 - 1337
 
En effet, Philippe VI de Valois ayant sommé Édouard de lui rendre hommage pour la Guyenne et le comté de Ponthieu, Édouard  fait répondre, par la reine Isabelle sa mère, que "le fils d'un roi n'irait pas s'humilier devant le fils d'un comte"....
 
Le roi de France réplique par la saisie des revenus du roi d'Angleterre et par la convocation de son armée à Bergerac, pour la fête de Pentecôte de l'année même. Aussitôt, pour calmer les esprits, Édouard rend hommage au roi de France le 6 juin 1329 à Amiens (5).
 
En dépit de ses engagements, la monarchie française conserve le Bazadais et l'Agenais (8) où seules les places fortes de Puymirol,Tonneins et  Penne restent sous le contrôle de la Couronne d'Angleterre; sans compter les quelques châteaux de seigneurs rebelles à l'autorité du roi de France. Par contre Monflanquin demeure sous  l’autorité des Capétiens / Valois, comme l'ensemble de l'Agenais.
           
Édouard  III, dont  la  possession de   Guyenne  se réduit  désormais à une mince bande de terres, le long de l'Atlantique, comprenant la Saintonge, Bordeaux avec le Bordelais, le diocèse de Dax et Bayonne, n'admet pas les derniers empiétements subis par son duché. En 1330 une convention passée avec Philippe VI prévoit donc des négociations à ce sujet. (8)
 
Blason des Capétiens
Dans ce contexte féodal, où l'attente d'une décision se prolonge, la vie locale se poursuit sans changement notable.
 
C'est ainsi qu' en 1332 les Hospitaliers du Temple de Breuil, qui paraissent avoir joui dans cette première partie du XIV° siècle de la protection particulière du roi de France, reçoivent une sauvegarde royale pour l'église de St Sulpice de Rivalède pour le moulin installé sur la Lède près de Monflanquin (9)
 
Au même moment pratiquement, en 1333, dans le testament de Anne de Grailly un legs de dix livres est prévu en faveur des Augustins de Monflanquin "Item convenui frateim Augustinirum de Monflanquino decem libras"  (10).
                       
Pendant ce temps, les commissions d'enquête se succèdent, mais sans résultat. Après d'interminables et vaines négociations à Agen sur les droits respectifs des deux princes, le processus classique du conflit entre le seigneur français et son vassal aquitain se reproduit en 1336.... :
 
Édouard III est cité devant le Parlement de Paris pour avoir ravagé les terres d'un de ses vassaux qui en avait appelé au roi de France. Il est condamné à payer à la victime une forte indemnité. En garantie du versement il doit remettre au roi Puymirol, une des dernières places qu'il garde encore en Agenais et dont la puissance gênait le roi de France. Mais ses agents soutiennent les habitants dans leur résistance aux officiers français qui viennent saisir la place. Le roi de France, constatant une fois de plus la mauvaise foi de son vassal, confisque à nouveau le 22 Mai 1337 le duché d'Aquitaine (11).
 
Vu depuis Monflanquin ce conflit est de type féodal, comme il l'a été pendant tout le XIII° siècle. Ce qui a d'ailleurs permis localement de jouer depuis des décennies entre vassal et suzerain pour obtenir confirmation ou amélioration de privilèges en échange d'un attachement pour le moins intéressé.
 
Mais cet aspect, en fait, masque un problème plus grave lié au renforcement de la monarchie française qui impose progressivement à ses vassaux une tutelle de plus en plus étroite.
 
Le roi de France, en effet, tend à ramener toujours ses différends avec son adversaire à des litiges entre un vassal et son seigneur; ce qui le place en ultime juge, puisqu'il est le souverain. Ainsi le monarque anglais voit sa liberté d'action terriblement réduite.
 
Aussi, très logiquement, pour échapper à ce piège et obtenir l'indépen-dance totale de manoeuvre dans son duché il en vient à déclarer Philippe VI usurpateur , donc inopérant en tant que suzerain. C'est pour se rendre souverain en Guyenne qu'il revendique la couronne de France à la place de Philippe VI.
 
Le problème posé en termes dynastiques n'a certainement pas été d'une grande clarté pour les habitants de Monflanquin, tout comme pour beaucoup de contem-porains. La seule évidence pour les Monflanquinois est qu'ils restent sous le contrôle des Capétiens. La question pour eux est de savoir quel profit en tirer.
                                                                                                            Retour au sommaire
 
Guerre de Cent  Ans : 1337
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                     Philippe VI
En mai 1337 le roi de France prononce la troisième confiscation de la Guyenne et Édouard III répond en faisant désigner son adversaire, dans les actes de sa chancellerie, sous le nom de "Philippe, qui se dit roi de France" (8).
 
Les hostilités commencent sans déclaration officielle. En ce même mois de mai 1337, des commissaires du roi de France sont chargés de saisir la Gascogne, et le 20 de ce mois, le comte de Foix est convoqué pour la fin juin à Marmande.
 
Le connétable Raoul, comte de Brienne et de Guines, lieutenant général en Languedoc, est mis à la tête d'une armée. Il assure son emprise sur Villeneuve d'Agen le 10 juillet suivant et ce même jour invite le comte de Foix  à  le  rejoindre  à  Aiguillon ....  qui   leur ouvre ses
 portes (6). Monflanquin peut s'estimer momentanément en dehors du champ d'action des armées qui se déplacent en direction de Bordeaux.
 
Le 7 octobre, à Westminster, Édouard III revendique publiquement le royaume de France et renie l'hommage qu'il avait prêté pour la Guyenne et le Ponthieu.
 
Vers la fin de l'année, conformément au code des relations internatio-nales, il fait porter son défi à Paris par l'évêque de Lincoln, sommant son adversaire de renoncer à un royaume acquis indûment : la rupture est officielle, la guerre de Cent ans commence.
 
En adressant son défi à Philippe VI de Valois, roi de France, Édouard III veut atteindre deux objectifs : protéger son duché de Guyenne en échappant à la logique féodale des liens suzerain / vassal privilégié par son adversaire et, par la même occasion, réaliser ses ambitions dynastiques. Les contemporains, c'est à dire la quatrième génération en ce qui concerne les habitants de Monflanquin, n'ont pas conscience du long conflit qui s'ouvre. En vérité, rien ne le laisse présager.
 
Pour mieux apprécier aujourd'hui la longueur de cet épisode douloureux il suffit de regarder le tableau comparatif suivant :
 
Tableau de Générations : 1°   2° etc...
Comparaison avec le XIX° et XX°
1250 - 1275         1°   Création de la bastide
1275 - 1300           Plantagenets /Capétiens
1300 - 1325           Capétiens /Plantagenets
1325 - 1350           Capétien
1350 - 1375        5°   Prince Noir
1375 - 1400        6°   Capétiens
1400 -1425         7°   Période confuse
1425 - 1450           Capétiens
1450 - 1475           Renouveau
1475 - 1500      10°   
 
 
1800 - 1825      23°
1825 - 1850      24°   Restauration
1850 - 1875      25°   Napoléon III
1875 - 1900      26°    3° République
1900 - 1925      27°    Grande Guerre
1925 - 1950      28°    Guerre Mondiale
1950 -1975       29°    Paix en Europe
1975 - 2000      30°    Actuellement
 
Cinq générations successives ont été concernées. Cinq générations ont découvert douloureusement que l'essor du XIII° siècle qu'avaient connu leurs prédéces-seurs n'était pas acquis une fois pour toutes. Elles allaient découvrir ce que l'on a pu appe-ler "les trois cavaliers de l'Apocalypse": les épidémies, la guerre, la famine.
                                                                                                                    Retour au sommaire
 
Premières Campagnes : 1328 - 1345
                         
En Février 1338, la campagne commence  contre le château de Madaillan, près d'Agen, qui se rend en Mars. Dès le     13 Avril les troupes françaises entament le siège de Penne qui résiste.. Jusqu'au moment où Gaston de Foix prend en mains l'opération et conclue un accord avec les consuls de la ville imprenable. Fin décembre 1338 /début 1339 Penne passe sous contrôle de Gaston de Foix.
 
Monflanquin n'est pas loin des combats pendant ces quelques semaines; mais on ignore quelles sont les retombées que la bastide a pu avoir en ces circonstances. Peut être des réquisitions en hommes mais plus sûrement une contribution financière...
 
 Aussitôt réglé le siège de Penne, les armées s'éloignent à nouveau vers l'Ouest de l'Agenais où les combats vont se poursuivre pendant toute l'année 1339. Cet éloignement des combats n'a pas dû déplaire aux Monflanquinois , d'autant moins que Philippe VI a mobilisé 10.800 hommes d'armes et 15.000 hommes de pied dans le Sud- Ouest pour son offensive. Effectifs considérables pour l'époque, qui nécessitent un effort quasiment insupportable pour les localités obligées à participer à l'intendance.
 
Et cette fois il n'est plus question de mettre en pratique la vieille méthode qui consistait à jouer des rapports féodaux entre vassal et suzerain pour échapper aux inconvénients du moment. Les Monflanquinois vont être confrontés à une situation juridique nouvelle, offrant moins de possibilités aux astucieux Consuls pour obtenir des privilèges au profit de leur bastide.
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Blason des Plantagenets
En effet le 6 février 1340 Édouard III, à Gand, , se proclame solennellement roi de France en vertu de son droit héréditaire. Il introduit à cette occasion les fleurs de lys dans son Grand  Sceau et dans ses armes.
 
La situation politico-juridique change complètement. Désormais, dans le duché d'Aquitaine, qui est en son pouvoir, le roi d'Angleterre duc d'Aquitaine, est reconnu  roi de France.
 
Les appels interjetés des décisions des officiers ducaux ne seront donc plus portés devant le Parlement de Paris, mais devant le roi lui-même à Londres . Tout ce système des appels de Guyenne, né de la souveraineté du Capétien, qui avait empêché le Plantagenet d'administrer normalement son duché d'Aquitaine, est ruiné. C'est le roi d'Angleterre qui, en tant que roi de France, est désormais le souverain pour ses dépendants aquitains : nul ne peut plus se dresser contre son autorité que par la rébellion ouverte et la trahison manifeste (11)
 
C'est une situation juridique nouvelle qui élimine tout recours extérieur : on ne peut plus qu'être partisan ou rebelle à l'égard des monarchies en présence !
 
En 1341, intervient une trêve, comme il y en aura tant pendant cette très longue guerre. Philippe VI, qui songe à  se procurer de nouvelles ressources pour une reprise de la guerre, ajoute, aux maltôtes et aux fouages, la gabelle sur le sel; une ordonnance du 16 mars 1341 l'étend à tout le royaume (8).
 
En 1342, les combats reprennent autour de Vianne. Cette même année Boëmond d'Astarac, servant le roi de France en qualité d'écuyer "fut mis dans l'établie de Monflanquin, le 28 janvier 1342, en considération des grands services qu'il avait rendus es guerres, en gardant l'honneur du roi et de la reine, et aussi en récompense des dom-mages  qu'il avait soufferts" (5). La bastide de Monflanquin découvre, avec la présence de cet écuyer, l'une des préoccupations du roi de France qui est d' organiser la défense en profondeur de son  territoire  pour se  prémunir d'un retour  de son adversaire tout en s'assurant la fidélité de la noblesse en armes.
                                                                                                           Retour au sommaire
 
Mais par contre, toujours en 1342, les jurats de Monflanquin doivent apprécier une autre décision de Philippe VI... Le besoin d'argent est pressant : une ordon-nance du roi mande au Sénéchal et aux juges d'Agenais de faire contribuer aux imposi-tions municipales, nonobstant le privilège de sergenterie, les sergents d'armes royaux du ressort de la Sénéchaussée pour les biens à raison desquels ils payaient leur part d'impôt avant d'avoir été pourvus de leurs offices (12). Mesure d'autant plus appréciée que ces sergents sont mal vus de la population pour leur autoritarisme et souvent leurs exactions.
En 1343 une nouvelle trêve est conclue pour trois ans, à la sollicitation du Pape et des cardinaux. Souvent mal observée par les seigneurs des deux camps, elle n'empêchera surtout pas le Comte de Derby, envoyé par Édouard III, d'attaquer.
 
Première incursion de Derby : 1345
 
Dès janvier 1345, Édouard III annonce son intention de passer en France. Le 24 Avril il nomme Henri de Lancastre, comte de Derby, son lieutenant en France (13).
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  sceau    
              de L'Isle Jourdain        
 L' armée anglaise, forte de ses 330 chevaliers, 600 hommes d'armes, et 2.000 archers (5), débarque à Bayonne vers le 25 Juillet avec pour mission de desserrer l'étau français. En effet pendant l'année 1344 les armées envoyées par Philippe VI avaient assuré leurs positions dans l'Agenais : à cette occasion, Monflanquin avait été investie (13)
                                                                     
La brusque attaque du comte de Derby surprend ses adversaires qui, manquant d'hommes et d'argent, font la part du feu et abandonne l'Agenais et le Périgord, laissant aux petites places le soin de se défendre.
 
C'est dans  le  cadre de cette  stratégie défensive que Bertrand de l'Isle Jourdain se trouve
à Monflanquin, d'où il signe ses lettres le 31 Août  1345 (14).
 
En  Octobre, avec le comte d'Armagnac, il empêche Derby de s'emparer de Castillonnès et Villeréal (15), alors que l'Anglais s'est déjà octroyé La Réole, Aiguillon et qu'il poursuivra ensuite avec la prise de Bergerac et même Angoulême, à plus de cent kilomètres de Bordeaux. La volonté de Derby   de contrôler la vallée du Dropt, avant de se lancer vers Bergerac, semble avoir logiquement ignoré Monflanquin
 
Donc en  Octobre 1345,  il ne reste plus aux Capétiens,  en Agenais,  que les villes d'Agen (16) , Villeneuve, Monflanquin, Villeréal, Castillonnès et les "châteaux et pays environnants" (17).
 
Le journal du trésor de Philippe VI atteste cette présence  de la monarchie française à Monflanquin : ce livre comptable mentionne la solde d'un capitaine dans la place "Galhardus de Castro Pigonis, dominus de Prugnanno, capitaneus 1345 -1346, Villeregalis, Miremontis, Agenni, de Montisflanquini, Viard" (18).
 
Prenant en compte les réalités du moment, Guy de Comminges, de la suite du duc de Bourbon, fait d'Agen son principal séjour pendant le reste de l'année. Il convoque la noblesse et 2.000 sergents à pied de la sénéchaussée de Carcassonne avec ordre de se retrouver à Agen le 8 Novembre... Il appelle aussi dans cette dernière ville tous les nobles et non-nobles de la Sénéchaussée de Toulouse, qui assume en grande part la défense de l'Agenais (14).
 
 Seconde incursions de Derby : 1346
 
Au  printemps de 1346,  le duc  Jean de Normandie, futur Jean le Bon, attaque sur le front gascon avec une armée forte de 8.000 à 10.000 hommes, alors que Froissart parle de cent mille (19).
 
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  sceau
de Jean II « le Bon »
Avant son arrivée, ses lieutenants avaient glissé le long du Lot et occupé Monségur près de Monflanquin (14). Le duc Jean se porte quant à lui sur Aiguillon pour l'assiéger.
 
L'affaire dure, et pendant ce temps le comte de Derby est libre de ses mouvements dans une région souvent fatiguée de la fiscalité royale et lasse aussi des abus d'une administration locale particulièrement avide; une population donc prête à se rendre sans offrir une grande résistance (20).
 
Sur la fin Mai 1346, le duc de Normandie laisse la poursuite du siège d'Aiguillon aux autres généraux, et se rend à Toulouse pour la nouvelle assemblée des États de Languedoc (14), qu'il avait convoquée et qui devait se tenir le dernier jour de ce mois.
 
Il y est résolu que chaque Sénéchaussée fournirait au roi un certain nombre de gens d'armes entretenus, savoir, un gendarme pour chaque centaine de feux, ou un équivalent à raison de 7 Sols 6 deniers par jour pour chaque hommes d'armes, et que, moyennant cet entretien, la gabelle sur le sel, les  4 deniers pour livre sur la vente des denrées, et généralement tous les autres subsides et fouages seraient supprimés.
 
Le duc de Normandie ajourne les États au 15 juillet suivant pour perfec-tionner le projet. En attendant il ordonne, par des lettres données à Toulouse le 4 juin, de faire les informations sur les lieux, touchant l'état et le nombre des feux,.
 
C'est à dire que Monflanquin, à l'instar des autres communautés de l'Agenais, voit une fois de plus sa participation financière augmenter.
 
SceauJeanII2.jpg (5906 octets)Le duc de Normandie envoie, en même temps, dans les Sénéchaussées l'ordonnance que le roi avait publiée le 15 février précédent, pour le bien du royaume et la réformation de divers abus dont les peuples se plaignaient..... Il en ordonne (6)  l'observation. Voeu pieux, dans les conditions aussi bouleversées de l'époque, et qui ne doit pas arriver à faire oublier la réalité du paiement exigé !
 
Aiguillon continue à résister quand parvient la nouvelle de la défaite du roi  Philippe VI à Crécy le 26 Août 1346.
 
Derby est encore à Bergerac lorsqu'il apprend que le duc Jean de Normandie avait levé le siège d'Aiguillon pour rejoindre son père le roi dans le Nord du royaume...
 
 A peine instruit de cette retraite précipitée, Derby part de Bergerac pour l'Agenais. Il s'arrête à Villeréal "q'est une bone ville du royalme, laquelle nous estoit rendu, et aultres villes et chastiels d'entour tut plain" (6)...
 
Le Comte de Derby en profite pour  prendre Montaut et quelques autres châteaux des alentours. Enfin, derniers jours de Novembre, il investit la ville de Castillonnès qui lui avait résisté l'année précédente (17). Après avoir établi des garnisons à Villeréal et aux environs, Derby vient droit à Tonneins et à Aiguillon.
 
Le sort de Monflanquin semble rester lié aux armes des Capétiens en cet instant, et pour les années suivantes, car "Le comte d'Armagnac, aux couleurs des Capétiens, entre à Monflanquin le 1° Novembre" (14). C'est à dire pendant le passage de Derby, pour s'opposer à sa progression..
 
Dans la mesure où, le 28 septembre 1347, une trêve conserve le statu quo entre les deux partis  (5), et qu'il y a diverses prorogations jusqu'au 1° Août 1351, il est possible d'admettre que les capitaines à Monflanquin en 1350 - 1352, rétribués par le roi de France, sont représentatifs d'une situation inchangée depuis le début de la trêve où il y avait déjà en place un capitaine de Philippe VI.
 
Par voie de conséquence, il est permis de  penser, à titre d’hypothèse, que Monflanquin est resté en 1346 sous contrôle des Capétiens malgré le raid de Derby.
 
Il est certain d'ailleurs que, pendant ces années de trêve, les contemporains ont d'autres préoccupations que politiques ou militaires. Ils découvrent les horreurs de la peste.
 
 La peste noire : 1348
 
 Le 1° Novembre 1347, jour de la Toussaint, douze galères génoises venues de Crimée infectée par la Peste, arrivent à Marseille. Quelques jours plus tard l'épidémie se déclenche, foudroyante (21). 
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 Diffusion de la peste noire  (1348-1349)
Dés le début de Février 1348, l'épidémie atteint Montpellier...début Mars Carcassonne... début Avril Toulouse... début Mai Agen.... A la fin du printemps 1348 Monflanquin et sa région se trouvent donc dans la zone d'expansion de la Peste. La Bastide et la Baylie de Monflanquin sont alors soumises à leur tour aux conditions générales de l'épidémie.
 
Cette Peste Noire de 1348 associe les deux formes d'une épidémie de ce genre: la Peste Bubonique et la Peste Pulmonaire. Seule cette dernière est contagieuse d'homme à homme, son temps d'incubation est court et l'évolution du mal rapide; les chances de survie sont dans ce cas encore plus faibles que dans la forme bubonique. Celle-ci se transmet par contre du * rat à l'homme par la piqûre de la puce. (22).[Le rôle du rat est, aux yeux de certains spécialistes, surestimé en Occident (23).D'autres au contraire font du rat noir le principal responsable de la Peste (24)]
 
Le chroniqueur Jean de Venette met l'accent sur le côté inexorable de la contagion: "Ils n'étaient malades que deux ou trois jours et mou-  raient rapidement, le corps presque sain.  celui qui  aujourdhui était en bonne santé, demain était mort et porté en terre... celui qui, étant sain, visitait un malade échappait rarement au péril de la mort." Un seul symptôme "signe infaillible de la mort" retient son attention : les bubons, grosseurs qui naissent brusquement sous les aisselles et dans l'aine.(22).
 
Selon Froissart, c'est "la tierce partie du monde" qui meurt et selon d'autres chroniqueurs l'estimation des morts va jusqu'à la moitié de la population. Ces statistiques d'ensemble sont incontrôlables; mais dans quelques villes du Sud-Ouest des cadastres permettent d'enregistrer une diminution, comme à Albi par exemple, de moitié.
 
Au total, d'une localité à l'autre, les variations du taux de mortalité sont considérables mais s'inscrivent dans l'ensemble entre le tiers et le huitième des populations.
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      cycle de la peste
Atterré devant la catastrophe, l'homme est en quête d'une explication et de responsables. Chez certains l'antisémitisme est au rendez-vous : ils imaginent un poison jeté dans l'eau des puits ou des fontaines par la communauté juive. D'autres discernent un signe de Dieu, un avertissement de sa colère et un appel au repentir d'où de nombreuses prières à St Valentin et à St Roch. Les maîtres de la Sorbonne, qui font autorité, expliquent doctement que la Peste résulte d'une mauvaise conjonction des planètes (21).
 
A l'issue de l'épidémie, cependant, le roi Jean II le Bon promulguera le premier édit sur l'Hygiène Publique s'étendant à un État entier; il prescrit en particulier le nettoyage des rues s'il y a menace d'épidémie.
 
Etat de choc 
 
La  soudaine  apparition  du  fléau  à  Monflanquin  - il reste à trouver les documents qui l'attestent formellement - comme partout ailleurs a du interrompre ou désorganiser toute forme d'activité .
                       
La  machine  administrative  se dégrade . Au   moment où la Peste s'installe les contrats de la vie quotidienne - achats, ventes, locations, fermages - disparaissent; seuls les testaments se multiplient. Les offices de la Baylie doivent être difficiles à pourvoir, les impôts ne sont plus payés (22).
 
L'économie ne peut échapper au cataclysme. Dans l'espace agricole les conquêtes de terres marginales, auxquelles la période précédente s'était livrée, sont abandonnées et les terres retournent à la friche. Beaucoup de terres, même rentables, ne sont plus travaillées car la Peste au moment des récoltes a raréfié la main-d'oeuvre alentour de Monflanquin. Les récoltes qui sont en grande partie perdues ; et les semailles, par voie de conséquence, n'ont pu être faites.
 
Les prix des produits  vivriers   montent brutalement et les familles pauvres des journaliers se trouvent   subitement dans la misère ou même réduites à la mendicité. En ville les artisans eux-mêmes sont atteints par la mévente de leurs produits et sont plongés dans le besoin. Il est à noter que la mortalité se fait, ici,   encore plus sélective : si les forgerons et chaudronniers, chez qui le bruit fait fuir les rats, sont relativement épargnés par contre les boulangers, bouchers, hôteliers dont les stocks attirent les rats, sont terriblement menacés (21).
SceauJeanII.jpg (8426 octets) Jean II le bon
 
 Autre phénomène, totalement nouveau pour une Bastide comme Monflanquin, créée grâce à une démographie précédemment en expansion (2) : la ville dépeuplée n'est pas rapidement repeuplée par la campagne environnante exsangue elle aussi. Certaines maisons se trouvent inhabitées et vont commencer à se dégrader. Le coup d'arrêt est saisissant.
                       
Seul aspect positif :  la Peste et ses ravages  font que les hostilités sont suspendues.
 
De prolongations en prolongations, la trêve conclue pour un an le 28 Septembre 1347 dure jusqu'en Avril 1351.
 
A son expiration la guerre reprend au gré des attaques sporadiques et sans ampleur, car aucun des souverains n'a par dévers lui, dans de telles circonstances, les moyens financiers d'une offensive soutenue. D'ailleurs à peine reprise la guerre est aussitôt suivie d'une nouvelle trêve jusqu'en 1355.  
           
Entre trêve et guerre : 1350-1354
 
En 1350, le 26 Août, Philippe VI meurt. Le bilan de son règne n'est pas favorable. La situation qu'il laisse au nouveau roi Jean II est difficile à gérer.
 
En 1350, à Monflanquin les baux à fiefs sont passés avec pour formule   "Regnantibus Dominis Johanne Francie rege et Amanevo nensi episcopo". Ce qui confirme l'autorité de la monarchie française sur la bastide à cette époque.[*Jean II le Bon (1350-1364)Battu à Poitiers, prisonnier à Londres, revient en France après le Traité de Calais. Son fils, otage en fuite, il retourne prisonnier en Angleterre et y meurt.]  
 
Par ailleurs, cette même année 1350 Roger de La Barthe-Fumel, seigneur de Montesquiou en Quercy, écuyer, est mentionné comme capitaine de la place de Monflanquin (17).
 
Ce Roger de La Barthe capitaine de Monflanquin est l'oncle de Jean de La Barthe, baron de Cancon et co-seigneur de Fumel....
 
 Un  autre oncle de Jean,  Guillaume  Bourc  de  La Barthe, écuyer, est lui
en 1349 capitaine de Villeneuve... Roger, venant de Monflanquin, lui succédera justement à Villeneuve..
 
Son parent Guillaume de La Barthe, chevalier, capitaine de Montsem-pron et de St Pastour, "fait montre de lui et de neuf écuyers" le 30 septembre 1352...
 
Sa tante était mariée au seigneur de Pujols... élargissant, par les alliances familiales, l'espace contrôlé au nom de la monarchie française.
 
C'est ici l'application du système retenu par les belligérants pour mener la guerre dorénavant:
 
En premier lieu, les positions tenues dans une région le sont, le plus souvent, en raison de l'attachement personnel des seigneurs et de l'engagement de familles nobles. Ce qui explique l’extrême complexité de la carte du territoire sous l'autorité du roi. Des voisins peuvent très bien avoir, à l'égard du roi, des options opposées et faciliter ou contrarier son emprise sur cette région. Dans le Haut Agenais, à cette date , les familles des La Barthe et des Fumel s'engagent manifestement sous la bannière du roi de France.
 
wpeCE.jpg (5348 octets)chevalier
En second lieu, ces familles ou les villes peuvent changer d'appréciation sur le rapport des forces ou sur leurs intérêts. Dans ce cas elles changent de camp avec armes et bagages, ce qui rend extrêmement mouvante la carte des opérations et des alliances.
 
En troisième lieu, la bastide de Monflanquin,  comme toutes  les   villes  environnantes,  doit s'habituer  désormais à  la présence d'un   capitaine et de quelques hommes en armes pour assurer sa défense.
 
En plus,  il lui faut veiller à l'entretien de ses  remparts.  Ces deux opérations coûtent chères : la charge financière de la communauté s'alourdit, ce qui est d'autant plus  difficile à  supporter que le pays est  ravagé par la  peste et les armées de passage.
 
 L'année 1352 confirme le dispositif en usage : Bertran de Fumel, sire de Monségur, chevalier banneret, est porté sur le livre de comptes du roi de France en tant que capitaine et garde de Monségur... Guillaume Gaubert de Fumel, écuyer sinon cheva-lier, en tant que  capitaine de Monflanquin en Septembre... Pons de Pujols , écuyer, en tant que capitaine de la même bastide en Novembre ... Bernart Faure est rétribué lui en tant que capitaine des portes (18).
 
En  ces  temps  troublés la plus   grande prudence s'impose, même à l'abri des remparts. Les quelques hommes d'armes sous le commandement du Capitaine en sont la preuve. Autre manifestation de cette situation: le rejet des étrangers et des mendiants dont Agen montre l'exemple (25)
 
La nuit, tout devient plus inquiétant encore car les brigands commettent alors "dampnatges et raubarias" dans un territoire épuisé par la guerre qui n'en finit pas et la terrible épidémie qui vient de s'abattre sur l'ensemble du pays.
 
Aussi, comme dans la plupart des villes alentour, des guetteurs installés sur les tours de la ville veillent sur la bastide. Pour la même raison la pratique de "l'estilgach" a du s'imposer, c'est à dire de rondes de nuit. A cette occasion quelques bourgeois renforcés de manants sont convoqués "per far l'estilgach". L'enthousiasme est il au rendez vous ? Il faut croire que non car à Agen par exemple une amende, de dix sols pour les capitaines et de cinq sols pour ceux qui n'ont pas de commandement, est infligée aux défaillants.
 
En 1353, nouvelle prolongation de la trêve avec l'Angleterre : ce  qui permet à la vie locale de reprendre son cours et aux Frères Augustins de faire enregistrer les tractations qu'ils engagent  pour des terres environnantes (26-a)...
 
Mais la trêve est aussi mal  observée dans son ensemble que la précédente   (15), puisque cette même année - pour maintenir la pression en Agenais et  sur la Guyenne - le comte d'Armagnac récupère Monsempron, livrée par ses habitants à ses adversaires. Cette attitude offensive va provoquer  la réplique du Prince Noir dès 1355.
 
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Partie 2 : Principauté du Prince Noir