Page...d'accueil 
.
bastide médiévale religiosité
vie au quotidien
jardin médiéval
cathares en Agenais
.
1256-1279
Alphonse de Poitiers
Baylie  capétienne
.
1279.1328
1279.1294 
Edouard I°
1294-1303 
Philippe le bel
1303.1324 
Edouard 2 et 3
1324.1328 
Charles IV
Bibliographie
.
1328-1453
1328.1354   
Capétiens
1355.1373 
Prince Noir
1373.1453
Capétiens
Mémoire locale 
et Biblliographie
 

 Sites complémentaires :

...................................................

Bastides - Caractéristiques

Bastides - Villes neuves

Bastides -Chartes Coutumes

Bastides - Définition 

Bastides - Musée

Bastides - Carte

Bastides - Monflanquin

Monflanquin - Médiéval

Monflanquin - Jurade

Monflanquin - Protestants

Monflanquin - 1789

Monflanquin -  Généalogie

Monflanquin - Tourisme

Haut Agenais - Eglises

 
Site traduit en :
Roumanie
Carte géographique et infos Italie drapeau pologne
Drapeau de la Norvège drapeau du Japon
Drapeau de l'Inde

   Arabe

drapeau de la République populaire de Chine

 

L'ÉLIMINATION
des CATHARES
en HAUT-AGENAIS
 et
LA CRÊATION
de MONFLANQUIN. .
 
En 1200, quand s'ouvre le XIII' siècle, Monflanquin n'existe pas, et les idées cathares circulent abondamment dans le comté de Toulouse, si attentif à se préserver des ambitions de l'Aragon mais aussi des deux puissances du Nord que symbolisent les Plantagenets et les Capétiens. Le Haut-Agenais, où le pech de "Mons Flanquinus" domine la petite rivière de la Lède, dépend à la fois des diocèses d'Agen, l'un catholique et l'autre cathare. Situation conflictuelle s'il en est.
 
Pendant près de cinquante ans l'Eglise catholique va s'évertuer à éliminer "l'hérésie" et ses tenants, mobilisant les seigneurs du Nord dans une "Croisade contre les Albigeois" dont le Haut-Agenais aura, avec d'autres régions, à pâtir.
 
Monflanquin est créée, en 1252, au moment où l'Eglise catholique est triomphante aux côtés des Capétiens représentés par le nouveau comte de Toulouse, Alphonse de Poitiers. La bastide participe de la naissance de "l'Occitanie capétienne".
 
*                       *
* 
Gavaudun détruit, 1165
 
Quand, en 1110, le moine bénédictin Henri quitte son couvent pour aller, de par les routes et chemins, prêcher pauvreté et amour du prochain il ne sait pas que son succès provoquera, en 1145, la venue à Toulouse de Bernard de Claivaux pour le faire condamner. En effet le mouvement "Henricien", qu'il développe, participe du développement général "Albigeois" ou "Cathare".
 Condamnation qui explique, peut-être, qu'un noyau d'hérétiques, "Henriciens", vient se réfugier à Gavaudun dont ils font un "repaire" inexpugnable. La chronique de l'époque les traite de bandits, de "routiers" c'est à dire de mercenaires. (1)
 
Or, en 1162, Alexandre 111 organise un concile à Montpellier où sont renouvelées les condamnations de Toulouse en 1119, de Latran en 1139 et de Reims en 1148 et 1157 visant les hérétiques et les seigneurs coupables de ne pas exercer de répressions à leur encontre, ainsi que le prescrit l'Eglise. En 1163, le pontife préside un autre concile à Tours où les ennemis hérétiques sont à nouveau fustigés. En 1165, l'évêque d'Albi ouvre une conférence, c'est à dire une rencontre contradictoire, à Lombers au sud de son évêché ; il en ressort une condamnation renouvelée des hérétiques, appelés dorénavant Albigeois. (2)
 
Dans cette conjoncture, il n'est pas étonnant que Jean d' Assida, évêque de Périgueux, mais plus homme de guerre que d' Eglise, se décide à attaquer la position forte de Gavaudun, pour éliminer ces "bandits". A la tête d'une troupe nombreuse il vient assiéger le château, imprenable, où sont repliés les hérétiques qui résistent. Finalement, le manque de vivre et d'eau les obligent à se rendre et l'évêque fait raser le repaire.
 Acte de guerre révélateur des rapports de l'Eglise et des hérétiques cathares, sous quelque nom qui leur soit donné.
 
Diocèse cathare d’Agen , 1167 -1212
 
Cela n'empêche pas, en 1167, le concile cathare de St Félix de Caraman, en Lauragais, d'ajouter (évêché d'Agen à ceux d'Albi, Toulouse et Carcassonne. Ainsi structurée en évêchés, et dotée d'un clergé hiérarchisé, l'Église cathare apparaît telle une véritable Église dissidente.
 
Les villages fortifiés des zones rurales alentour de grandes villes épiscopales constituent le principal terrain de son expansion. D'ailleurs, les autorités temporelles occitanes, en particulier la petite noblesse des castra, loin d'aider l'Église, tolèrent (hérésie s'ils ne se convertissent pas. Elle est sensible au fait que les "Bons Chrétiens" fondent leur prédication sur la langue vernaculaire des troubadours. Cette adhésion des vassaux, comme celle de nombreux consuls dans les villes, entraîne bientôt celle des suzerains et ainsi, de proche en proche, l'ensemble de la société nobiliaire est touché. C'est à ce dispositif que s'attaque Simon de Montfort. 
 
A Penne assiégée en 1212, les approvisionnements diminuent et, surtout, la sécheresse aidant, l'eau commence à manquer à l'intérieur de la forteresse. Ne recevant ni secours ni nouvelles du comte de Toulouse, les assiégés demandent à capituler. Ce que Simon de Montfort accepte, car le château est encore en état de résister alors que sa propre armée n'est plus en mesure de supporter une attente plus longue. C'est ainsi que, fin juillet où début août, Penne se rend après une cinquantaine de jours de siège.
 
La capitulation de la place de Penne, réputée imprenable, vaut à Simon de Montfort une grande considération et la soumission immédiate de bien des seigneurs du voisinage. Dés avant la fin du siège, Marmande avait capitulé devant Robert de Mauvoisin et une courte expédition permet de s'emparer, en son château, de Martin Algai sire de Biron. Accusé de trahison pour avoir fui l'armée des Croisés à la bataille de St Martin de Laude, ce seigneur - livré par ses hommes contre vie sauve - est traîné à la queue de son cheval hors des remparts de Biron et pendu dans un pré. L'Agenais est sous la coupe des Montfort
 
Quelques jours plus tard, le 8 septembre, siège et reddition de Moissac. Montauban reste, dés lors, la seule ville dépendante de Toulouse; Simon de Montfort préfère ne pas l'attaquer et se dirige vers l'Ariège. I1 occupe Muret abandonné et prend ses quartiers d'hiver à Pamiers. En cet instant Toulouse se trouve encerclée et isolée, les comtes de Toulouse sont dans l'obligation de mener des raids de dégagement.
 
Pujols épargnée, 1212
 
 Les invasions des Vandales et des Wisigoths, au Vème et VIème siècles, puis les incursions des Sarrasins et des Normands, au VIIème et IXème siècles, ont suscité dans le pays un état quasi permanent d'insécurité. Aussi les populations pour assurer leurs défenses ont-elles été amenées à fortifier les positions naturelles propices. A Pujols principalement, des ouvrages défensifs ont été alors aménagés sur l'emplacement de l'ancien Castrum romain.
 
Plus tard les fortifications primitives ont été rénovées et un puissant château construit à l'extrémité du plateau dénommé, de nos jours encore, "Le Palais". Ce promontoire se terminait, à l'époque, par une couronne rocheuse à pic, haute de 8 à 10 mètres. Aussi, au début du XIIème siècle, Pujols est une importante place-forte de l'Agenais touché par le mouvement cathare.
 
 Simon de Montfort, déjà en difficulté devant Penne n'assiége pas Pujols. Mais, quelques années plus tard, son démantèlement est prescrit par l'article 15 du Traité de Paris, en 1229.
 
"...Depuis les désastres de cette place, les habitants errèrent dans la désolation sans asile et sans patrie, lorsque les religieux d'Eysses et quelques hommes de bien se présentèrent devant le sénéchal Philippe de Ville-Favreuse, pour lui représenter les doléances de ces infortunés. Leur malheur était si grand, lui disait-on, la destruction de la place si complète... qu'ils s'estimeraient heureux et comme en paradis, s'il leur était permis, sous le bon plaisir d'Alphonse et sous sa domination, d'élever une bastide ou une ville " (3)
 
L'une des caractéristiques de la création de Villeneuve-sur-Lot est de répondre à l'attente de cette population. En même temps que de limiter l'influence de ce castrum démantelé mais toujours assuré, selon les hommages de 1259, de rayonnement sur les fiefs de plusieurs seigneurs.
 
Dans tous les cas de figures, la nouvelle bastide, sur les rives du Lot, permet aux Capétiens de gérer le problème réglé militairement.
 
Casseneuil rasée, 1214
 
Si l'année 1213 a été marquée par la bataille de Muret, celle de 1214 s'ouvre par le retour de Raymond VI à Toulouse, accompagné par un vent de rébellion en sa faveur de l'Agenais au Rhône. Au même moment, Jean sans Terre débarque à la Rochelle et reçoit l'hommage des bourgs et châteaux jusque là soumis à Simon de Montfort.
 
La situation pousse Simon de Montfort à assurer son emprise sur l'Agenais, le Périgord, le Quercy et le Rouergue, Parti de Carcassonne, il dégage Moissac avant de faire étape à Penne. Quelques semaines plus tard, après un voyage éclair vers Narbonne, il lui faut aller à Montpezat mis en défense par les seigneurs agenais qui l'abandonnent avant combat; les fortifications sont détruites. Après quoi il va assiéger Marmande passée à Jean sans Terre, la ville est pillée.
 
Le 28 juin, Montfort, renforcé par le vicomte de Turenne, assiège Casseneuil où se sont rassemblés les seigneurs locaux séditieux. A la mi-août, la place est prise, pillée et rasée. Le vainqueur - que le légat pontifical vient de confirmer dans la possession des terres conquises dans les diocèses d'Agen, de Cahors et d'Albi - poursuit sa campagne militaire. En premier, le Périgord autour de Domine. Ensuite, après un retour à Penne, la vallée du Lot pour investir le Quercy autour de Figeac. Enfin, avec l'appui de l'évêque de Rodez - présent au siège de Casseneuil - il reçoit l'hommage de Henri, comte de Rouergue. (2)
 
En 1215, le concile de Latran donne à Simon de Montfort le titre de comte de Toulouse. C'est la revanche des clercs catholiques sur les autres groupes sociaux qui avaient accueilli favorablement les idées cathares. Le groupe aristocratique est le plus directement touché, car la croisade provoque son remplacement par des nobles catholiques du Nord. La bourgeoisie, elle-même, est atteinte dans sa puissance matérielle et politique (les consuls sont mis au pas). Les paysans, enfin, sont pressés de payer leur dû aux nouveaux seigneurs et aux anciens maîtres des monastères.
 
L'Eglise catholique occitane, attachée à la victoire et à la fortune de Simon de Montfort, est donc la grande bénéficiaire, moralement, matériellement et socialement de la croisade. Surtout les Cisterciens. (4)
 
Résistance cathare, 1214 - 1244
 
Derrière cette lutte contre les hérétiques se joue, entre la Papauté, le Roi de France et celui d'Angleterre, la main mise sur le comté de Toulouse. De façon sporadique l'Agenais va en faire les frais
 
En 1219, Amaury de Montfort, héritier de Simon, investit Condom, Marmande, Clairac et Aiguillon. Le siège se prolongeant à. Marmande, le défenseur de la ville parlemente et obtient la vie sauve des habitants contre la reddition, mais la ville est pillée, la population massacrée (cinq mille morts). Il s'agit d'effrayer les opposants.
 
Une fois Amaury éliminé, en 1224, l'adversaire de Raymond VII devient directement le roi de France qui reçoit l'appui du clergé local, inquiet de la persistance de l'hérésie et du retour de "faidits" c'est à dire les bannis. Le traité de Meaux, en 1229, laisse l'Agenais, le Rouergue et le Quercy à Raymond VII qui s'engage à pourchasser les hérétiques.
 
En fait, mal résigné, et peu favorable aux démarches de l'Inquisition, le comte de Toulouse multiplie les bastides dans son domaine pour s'en assurer et tente une offensive matrimoniale. Cette politique le mène en 1242 à demander aux consuls d'Agen de mettre leur ville en défense, puis il vient assiéger les troupes françaises stationnées à Penne. Tombé malade, il s'engage à faire amende honorable en cas de guérison. D'où, une fois guéri, sa lettre aux évêques de son domaine pour qu'ils se chargent de la lutte anti-hérétique. Vaincu par Louis IX, il signe la paix de Lorris où il s'engage à respecter ses engagements pris lors du traité de Meaux en 1229.
 
Dés lors, c'est en dehors de son opposition que se règle le problème des hérétiques qui ont relevé la tête malgré l'Inquisition, et contre elle. Le siège de Montségur se termine, en 1244, par l'envoi au bûcher de quelques 200 cathares. C'est encore, à Agen en 1249, à la demande de Raymond VII, l'année de sa mort, l'exécution de 80 cathares.
 
Avec la disparition de Raymond VII, c'est la fin de tout espoir pour l'Occitanie indépendante. Commence, avec Alphonse de Poitiers et Jeanne, le temps de ce que l'on va bientôt appeler le "Languedoc" français.
 
Pour les cathares, en dehors d'un dernier combat à Quéribus, c'est le temps de "l'Eglise de l'errance". Exil de la hiérarchie, ou du moins ce qu'il en reste, lassitude et découragement des "parfaits" clandestins demeurés sur place, la seconde moitié du XIII' siècle s'ouvre sous les plus sombres auspices pour l'Eglise des cathares occitans. Les croyants vivent dans l'angoisse de la délation, des chevaliers faidits, traqués, se cachent dans les bois comme des brigands. Souvent, parfaits et faidits se cachent ensemble, par petites troupes misérables.
 
 Parmi ces troupes de fugitifs hantant les bois et les campagnes, recherchés par l'Inquisition pour hérésie ou protection d'hérétiques, réduits à la misère pour avoir eu leur maison et leurs biens confisqués, de nombreuses femmes sont prises en charge par les mêmes réseaux de survie, et essaient de réunir quelque argent pour se faire conduire en Lombardie. En effet les réseaux de solidarité que cimente encore la révolte commune contre les nouveaux pouvoirs et leur cortège de répression, de confiscations et d'emprisonnements, organisent non seulement la survie des clandestins, mais aussi leur passage en lieu sûr, dans les refuges de Lombardie où l'Eglise n'est pas encore inquiétée. L'arrestation des parfaits, à qui leurs vœux interdisent le mensonge, représente cependant la majeure angoisse pour les croyants militants.
 
Les années 1250 sont, à n'en pas douter, celles du découragement, des abjurations, des grands départs vers les refuges. D'autant plus que l'Inquisition est passée, entre 1249 et 1253, entre les mains des évêques qui rançonnent littéralement les suspects. Les croyants, menacés, préfèrent réunir leurs dernières possibilités pour s'offrir les services d'un passeur. Il est semble qu'une réelle force vive économique et humaine ait quitté alors l'Occitanie pour contribuer à l'essor et à l'expansion de l'Italie.
 
Les années 1260-1270 verront le processus momentanément s'inverser. Cette même hiérarchie en exil renvoie vers l'Occitanie des parfaits anciennement et nouvellement ordonnés, pour revivifier l'Eglise cathare dont les croyants sont encore nombreux. C'est ainsi que les trois frères Authié viennent prêcher le catharisme dans les masures comme dans les nobles demeures, des confins de l'Agenais à ceux de l'Albigeois. Mais ce sursaut n'est que passager et le sort du catharisme est scellé (5)
 
Monflanquin fondée en 1252 - 1256
 
C'est dans ce contexte historique que la bastide de Monflanquin est mise en place. Certes cette création correspond à des facteurs économiques et politiques - déjà abordés dans un article précédent (7) - mais la dimension cathare a certainement été ressentie par les contemporains comme sous-jacente.
 
De retour de croisade, en 1251, après un détour par l'Angleterre, Alphonse de Poitiers rencontre, à Lyon, Innocent IV qui relance les poursuites contre les cathares. Rentré à Rome, le pape confirme, en 1252, le durcissement de sa position : il annonce aux évêques du comté de Toulouse, où se trouve momentanément Alphonse de Poitiers, qu'il confie à nouveau l'Inquisition aux Frères prêcheurs. 1252, l'année même où Alphonse de Poitiers prend la décision de créer une bastide à Monflanquin pour mieux administrer et surveiller cette partie du Haut-Agenais.
 
 
En 1254, le même Alphonse de Poitiers insiste auprès du pape pour que la répression soit plus vive. Démarche qui correspond à la politique de Louis IX, son frère, qui par l'Acte Royal de 1254 fait obligation de choisir des Bayles non suspects d'hérésie.
 
 
Donc, en 1256, lorsque Alphonse de Poitiers accorde sa Charte à Monflanquin il ne peut que s'inscrire dans cette perspective anti-cathare. Il s'agit bien pour les Capétiens de mener jusqu'à son terme l'écrasement du catharisme, déjà fortement avancé avec sa hiérarchie en exil et ses croyants dans l'angoisse de la délation. Avec l'aide de l'Inquisition qui associe pleinement Capétiens et Eglise, d'autant plus fortement en Agenais qu'Alphonse de Poitiers est favorable aux Dominicains, maîtres d’œuvre en la matière.
 
L'Article 13 de la Charte spécifie la place originale que tient la bastide Alphonsine dans le conflit religieux du moment en Occitanie. Cet Article 13 précise, en effet, que les six consuls de la ville doivent être catholiques, précision qui n'est pas de pure forme en ce XIII' siècle où l'Occitanie ne doit plus être terre d'accueil puis de refuge pour le catharisme.
 
En ce sens, l'article 13 de la Charte de Monflanquin fait de la Baylie et de sa Bastide, sous l'autorité d'Alphonse de Poitiers et la menace de l'Inquisition, une espèce de "Terra Catholica" à préserver de l'hérésie cathare, un prototype de l'idéal catholique en action si cher à Louis IX.
 
A cela s'ajoute l'église gothique, cet "art importé du Nord". Entre l'ancien mode roman - voire les églises de Laurenque et Calviac qui survit encore quelque temps dans les campagnes et le nouveau style gothique, la charnière se situe aux alentours de 1250, au moment où apparaissent les premières bastides d'Alphonse de Poitiers et tout particulièrement Monflanquin.(7)
 
En effet l'édification de nouvelles églises dans le cadre des Bastides va absorber la presque totalité de l'activité de construction dans la période 1250-1350. De ce fait, il apparaît dans une large mesure une identité entre la mise en oeuvre des programmes religieux propres aux bastides et la mise en oeuvre sur le plan général d'une architecture régionale par ailleurs originale. On l'a désignée sous le nom de "gothique méridional", le portail de l'église de Monflanquin en est une parfaite illustration. Nettement différent du gothique officiel français qui s'imposait alors à Toulouse par exemple. Comme si, en s'éloignant de Toulouse épicentre du pouvoir capétien, une marque de "régionalisme" était préservée.
 
Cette architecture gothique des Bastides bénéficiera d'une très large diffusion, à laquelle l'activité des Ordres Mendiants n'est certainement pas étrangère. Cette action s'appuie sur le renouveau d'une Eglise plus proche du peuple, renouant avec l'éthique d'austérité héritée des cisterciens. Dans un bâtiment plus commode pour la prédication. et caractérisé à Monflanquin, à l'origine, par : une vaste nef unique sans collatéraux rendant l'autel visible de toutes parts; la nudité et l'austérité des volumes tant intérieurs qu'extérieurs; la recherche de l'unité de volume ou de l'effet de masse au détriment du décor; le portail mouluré sans sculpture, d'un effet très sobre.
 
La bastide de Monflanquin, acte volontariste s'il en est, permet de jauger la détermination de la monarchie capétienne : d'abord à occuper totalement le terrain arraché aux Raymond de Toulouse par un quadrillage urbain systématique, ensuite à rentabiliser pleinement le territoire par l'ouverture de "villes marchés" que sont les bastides, enfin à faire respecter son alliée l'Eglise catholique dans ses prérogatives et son influence, en éliminant toute trace de catharisme.
 
La bastide de Monflanquin est, en quelque sorte, en Haut-Agenais, le signe fort de la fin du catharisme et du passage des croyants sous la coupe de l'Eglise catholique, en même temps que le symbole de l'amarrage de la France du Sud - fière de sa civilisation occitane - au royaume capétien, puissance du Nord maintenue jusque là à distance.
 
Odo Georges
« Sous les Arcades »  2001
Revue de la MJC Monflanquin
 
 
 
 
Bibliographie
 
-1 - Lauzun Ph. "Château de Gavaudun en Agenais"
-2 - Roux J. "Les cathares" MSM 2000
-3 - Abbé Gerbeau "Essai historique sur la baronnie de Pujols".
-4 - Lafont R. "Histoire d'Occitanie" - Hachette 1979
-5 - Brenon A. "Le vrai visage du catharisme" - Loubartières 1990
-6 - Garrouste M. et Trabut Cussac JP "Penne d'Agenais" Presse Villeneuvois - 1980
-7 - Odo G. "Monflanquin bastide alphonsine-type" - Revue Agenais 1995
 
 
 S  Catharisme