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Jardin Médiéval
et
bastide. .
 
 Monflanquin est de toute évidence une Bastide du XIII° siècle, de type alphonsin; l'urbanisme, l'architecture, en un mot "l'ensemble minéral" , en attestent . Sa visite peut donner un aperçu assez précis de la conception des villes nouvelles de l'époque.
 
Cependant cet aspect minéral dominant, au point d'apparaître exclusif; risque de donner une idée fausse de la relation de l'homme et de sa ville avec la nature environnante ; comme s'il avait existé une césure entre eux, alors qu'il n'en est rien. Bien au contraire l'homme du Moyen-Age reste très proche des éléments naturels.
 
Aussi est il intéressant de tenter de *renouer le contact avec la vision que l'on pouvait avoir pendant cette longue période de l'Histoire de Monflanquin, en restituant aux plantes, aux jardins, c'est à dire à "l'ensemble végétal", leur part. Pour ce faire le choix s'est porté sur le XIII° et le XV' siècles, les plus caractéristiques en matière de jardins.
 
Ce retour aux sources, qui de façon paradoxale prend une allure très moderne de préservation de la nature, invite à se faire une idée de ce que pouvait être un préau du XIII° siècle , de retrouver les chemins de la symbolique si familiers en ces temps lointains, de prendre conscience de l'évolution que révèle le jardin du XV° par rapport au précédent..
 
Jardin du XIII° siècle
 
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Le premier impératif auquel est soumis l'homme du Xlll' siècle est celui de l’espace disponible: que ce soit dans son château fortifié, dans un c1oître ou dans une Bastide.
 
A l’origine remplacement privilégié est réservé en priorité à un Hortulus, petit jardin d’herbes potagères et de condiments utilisés quotidiennement dans la cuisine médiévale. Aussi reste-t-il peu de place pour aménager un jardin d’agrément: le préau, humble tapis de verdure obtenu grâce a un transplant de mottes de gazon prélevé chaque printemps dans les prés environnants (d'où le nom de préau).
 
Dés le XIII° siècle, le jardin de plaisance commence à occuper une place privilégiée dans la vie sociale. Le préau d'origine fleurit de partout et le plus souvent règle son ordonnance sur la structure du jardin de cloître, se soumettant aux principes esthétiques de la conception symbolique du Paradis.
 
En effet dans la représentation médiévale, le jardin de l'Eden est un espace sacré et circulaire, le cercle, symbole géométrique de la sphère, étant une figuration de l'immensité et l'éternité, attributs du Divin. Tandis que le cercle représente le céleste, le carré qui est la figure géométrique la plus parfaite, après le cercle, exprime: le terrestre, les quatre éléments, les quatre saisons etc..., toutes notions liées à la vie végétale du jardin.
 
Au centre du préau, la source d'eau vive sous la représentation d'une fontaine constitue le motif architectural le plus important. C'est un élément indispensable à la composition du jardin médiévaL A défaut est planté un Arbre de Vie. Les quatre fleuves, ici les quatre allées, qui prennent leur source à la Fontaine de Vie, au milieu du jardin et qui se dirigent symétriquement en direction des quatre coins du globe terrestre, entrent dans le symbolisme de la Croix.
 
wpe2D2.jpg (6496 octets)Cette approche analogique, s'ajoutant au concept du carré et du cercle, donne la clé de l’esthétique structurale du jardin médiéval: le préau, de forme géométrique rectangulaire, est divisé en quatre sections symétriques, délimitées par deux allées perpendiculaires, figurant à la fois les quatre fleuves d'Eden et les bras de la Croix. Au centre, point de jonction des allées, s'élève la fontaine.
 
Le jardin de cloître ou séculier, à défaut de pouvoir contenir de nombreux arbres pour des raisons d'espace essentiellement, en retient un : l’Arbre de Vie qui se trouve investi d'un caractère de régénération. En effet l’Arbre de la Connaissance du Bien et du Mat qui a fait le malheur d'Eve et d'Adam selon la Bible, a été transmué en Arbre de Vie.
 
Un monde de symboles
 
Le jardin est représentatif de l'intime interdépendance du macrocosme et du microcosme, caractéristique essentielle de la mentalité médiévale. A travers lui l'homme du XX siècle eut retrouver lune des facettes psychologiques des Bâtisseurs de la Bastide de Monflanquin.
                     
Les figures géométriques simples ont  donc des significations fondamen­tales : le cercle, la spirale, le carré, la croix. Ces quatre figures résument le monde. Dans un espace tridimensionnel, les significations du cercle et du carré passent aux sphères et aux cubes, éléments de base de l'architecture.
 
Les nombres, en liaison étroite avec ces figures géométriques et que saint Augustin considère comme des pensées de Dieu, donc éternels, sont également riches de signification; en particulier les premiers, de 1 à 12 : le Un se passe de commentaires, le Trois évoque la trinité , le Quatre (3+1) perfection de la trinité rompue par l'adjonction d'une unité, symbolise le monde spatial, le Sept(4+3) rappelle la combinaison du monde spatial et du monde sacré d'où le chandelier à sept branches, les sept planètes, les sept merveilles du monde, les sept jours de la semaine, les sept couleurs du blason, etc .
            
Les couleurs fondamentales, au nombre de sept comme les planètes, ont des significations très générales que peuvent reprendre les fleurs. Le noir (associé à Saturne) évoque la tristesse, la volonté farouche et sans nuances; le rouge (Mars) couleur de charité ou de victoire; le blanc (Lune) symbolise la pureté, la droiture, la franchise; le jaune (Soleil) l'intelligence, le jugement; le vert (Vénus) l'espérance; le bleu (Jupiter) évoque aussi le ciel comme le violet (Mercure). L'influence de cette symbolique se précise à partir des XII° et XIII° siècles, en raison de la grande diffusion d'une HERALDIQUE dont les règles sont déjà strictes et mmuables. Le jumelage avec les planètes indique assez l'importance que prend aussi                        
 
Lapidaires et bestiaires contiennent autant de significations symboliques: toucher ou porter une pierre telle que Jaspe rouge indique amour, jaspe vert = foi, jaspe blanc = douceur, le saphir promet le ciel etc .......
 
En ce qui concerne les animaux : voir un animal, se parer de sa dépouille, le représenter, l'évoquer, a chaque fois un sens ou contient un avertissement . A titre d'exemple de l'interprétation donnée aux animaux il faut citer: la tourterelle "simple et chaste, veuve inconsolable, comme la Sainte Eglise dont Dieu est le mâle". Mais surtout chaque animal possède un aspect de l'homme. Le Roman de la Rose présente, simplifiée, la plupart de ces significations: Noble le lion, Brun l'ours fort mais épais et lourd, Couard le lièvre peureux... L`héraldique tient le plus grand compte de ces interprétation.
 
Enfin, selon une croyance fort répandue et qu'on nomme la Doctrine des Signatures, chaque plante détient des principes utiles pour la santé et signalés aux hommes par sa forme, sa taille, sa couleur, son agencement, ses singularités; en un mot par l'apparence qu'elle offre aux regards de ceux qui l'observe. On voit là comme un signe, une manifestation tangible du souci qu'a Dieu d'indiquer les ressources mises à la portée de l'homme pour se soigner et remédier le plus naturellement possible aux divers maux auxquels il est exposé. 
 
C'est dans cet univers symbolique global que le jardin médiéval trouve toute sa signification.
 
Jardins du XV° siècle
 
Depuis le XIII° siècle, et plus particulièrement quand s'estompent les effets de la guerre de Cent ans qui a troublé tout le XIV°, la sécurité se fait moins pressante. Disposant d'un espace moins réduit le jardin de plaisance s’étend progressivement tout en conservant son caractère de jardin clos. [La toponymie de Monflanquin a gardé la trace du "clos des Pères" lié au premier couvent des Augustins, détruit au XVI° siècle.]
 
wpe2D4.jpg (19249 octets)Le jardinage, dorénavant, se repartit en quatre lots : potager, bouquetier, médicinal, fruitier... Le potager fournit toutes sortes de racines, herbes, fruits, destinés à la cuisine, bons à manger crus et cuits .... Le bouquetier est composé de tout un assortiment de plantes, herbes, fleurs, arbustes, agencés par compartiments et parterres, plus pour le plaisir que pour l'usage domestique .... Le médicinal est inventé pour la nécessité, encore que plusieurs herbes et racines servant de remèdes se cueillent indifféremment sur toutes sortes d'endroits .... Le fruitier, autrement appelé verger, est celui qui est riche de plusieurs types d'arbres.
 
Tous ces jardins, contigus et unis ensemble, seront enfermés dans un *clos, séparés entre eux par des allées découvertes ou couvertes en treillages, plats ou voûtés. Ajoutant la vigne, l'objectif sera de marier l'utile à l'agréable. La largeur de l'allée, tirée en ligne droite, sera de douze à quinze pieds selon les lieux ou la simple
décision du propriétaire, pour la beauté et l'aisance, du promenoir.
 
A l'aube de la Renaissance, le jardin de Plaisance semble quitter ses emblèmes de l'art sacré et basculer vers une perception toute profane de ses nouvelles fonctions. Il devient le symbole de puissance et surtout sert de cadre à un récent phénomène culturel et social: la fête.
 
Les jardins des villes, pour roturiers qu'ils soient, regroupent en plus petit les mêmes cultures que celles qu'on pratique dans les parcs seigneuriaux. Derrière leur clôture, constituée de murets, de haies vives, de palissades, de treillis de planches ou d'entrelacs de baguettes maintenues par des pieux fichés en terre, se trouvent des plates-bandes méticuleusement alignées.
 
On dispose, en outre, dans des vases de grès, des bouquets champêtres, des plantes en pot comme le basilic, la sauge, le romarin, le houx, la giroflée et en été les demeures sont décorées de branches vertes, de couronnes de feuillages, de fleurs.
 
Comme très peu de gens possèdent des tapis, fort chers puisque venant d'Egypte, l'habitude est de joncher le sol c'est à dire de répandre des joncs odorants sur le sol des maisons pour parfumer l'air et protéger du froid qui monte des dallages ou de la terre battue. En hiver on met du foin qui tient chaud pendant la froidure, et aux beaux jours de l'herbe qui rafraîchit; témoignage d'une familiarité constante avec le monde végétal qui est partout présent.
 
*        *
*
 
La réalisation des jardins médiévaux n'a pas pour objectif une reconstitution historique précise des lieux utilisés dans la Bastide, encore que la place du Levant au temps où elle était partie prenante du Couvent des Augustins, entre le XVII° et le XVIII° siècle, a dû être occupée par un jardin conventuel clos..
 
Cette réalisation s'inscrit par contre dans une sensibilisation aux réalités du MoyenAge en offrant des exemples respectueux des modèles historiques. Il s'agit de reconstituer des ensembles qui étaient ceux que connaissaient les hommes du Moyen-Age, et qu'ils n'auraient pas été surpris de rencontrer là ou ailleurs. D'autant moins surpris que sont sélectionnées les plantes qui leur étaient contemporaines et que l'exiguïté des espaces était déjà un impératif lié à la conception des villes et à leur cadastre.
 
Au demeurant elle restitue à Monflanquin sa relation Minéral / Végétal d'une Bastide profondément liée au monde rural environnant. Le Minéral seul aurait fait de la Bastide un corps étranger à cet environnement, replié sur lui-même, incompréhensible à ses bâtisseurs, des ruraux eux-mêmes et, il ne faut pas l'oublier, plongés dans une interprétation symbolique contemporaine où la Nature jouait un rôle énorme.
 
Enfin elle vient renforcer les efforts consentis pour faire de Monflanquin une Bastide fleurie, agréable à vivre encore en cette fin de XX° siècle parce que le béton et la pierre exclusive n'en sont pas le maître mot.
 
ODO GEORGES
Sous les Arcades 1994
 
N.B. : Publication d'une fiche "Plantes Anciennes"dans chaque n° de "Sous Les Arcades"
 
 
bibliographie
 
- Bourin Jeanne  "La rose et la mandragore "éd. François Bourin 1990
- Delors Robert  "La vie au Moyen-Age " éd. Le Seuil 1990
- Lieutaghi Pierre  "Jardin des savoirs, jardin d'Histoire " éd. les Alpes de Provence 1989
- Odo Georges "Moyen Age, agronomie et Modernité" S.L.A. n' 3 19 Monflanquin 1992
- Odo Georges  "Monflanquin Bastide du XIII° siècle" éd. MJC de Monflanquin 1993
- Thomas Arlette  "Jardin de Plaisance médiéval "
Répertoire de sites internet sur les jardins médiévaux

 

Partie de l'étude de 1994 dont l'actualité doit être révisée dans le temps
 
Les jardins dans la bastide
 
Le Moyen age est présent dans le tracé de la Bastide, dans le cadastre,  dans le bâtis des maisons, pourquoi ne pas imaginer ce que pouvait être un la Bastide ? L'idée est devenue encore plus pertinente quand Monflanquin a mis sur pied Les journées du Moyen Age prouvant, à cette occasion, combien le cadre de la ville se prêtait a des reconstitutions de l’époque envisagée.
 
Ces jardins ont ils existé dans la Bastide originelle ? Assurément car la pratique voulait que  pour attirer des habitants dans une bastide nouvellement créée, le seigneur accorde des terrains : un premier lotissement "intra muros" où construire, un second "juxta muros" sous les murs et un troisième "extra muros" aux champs. La totale relation avec l'univers rural était dés le départ fortement marquée.
 
A l'intérieur de la Bastide de Monflanquin, malgré la pression démographique très tôt enregistrée, les lotissements constructibles ont laissé place à de petits jardins à l'arrière des maisons; comme on peut en voir encore aujourd'hui en haut de la rue des Vignes pour prendre un exemple. Ces jardins sont dépendants de l'espace réduit qu'on peut leur accorder, hier comme aujourd'hui.
 
Ce qui explique que la première préoccupation ait été de trouver des points d'implantation disponibles et facilement accessibles.
            
Le choix s'est porté sur un ensemble largement réparti dans l'espace bastide et disposé de telle sorte qu'il se dessine une sorte de parcours pour une promenade où se trouvent associées la découverte de l'architecture du minéral et la redécouverte du végétal. Idée centrale de la réalisation .
            
Le schéma d'ensemble, prévoyant une spécificité pour chaque espace planté, débute logiquement par le haut de Monflanquin au Cap del Pech :
 
1)      jardin "face à l'église": représentatif de la conception que l'on a au XIII' siècle du jardin d'agrément, autrement dit le préau, avec sa symbolique d'une part et son mélan­ge de plantes d'autre part.    
 
2)      jardinet "Haut du carrerot des Cabanes" offre sur un espace plus réduit un assortiment de plantes aromatiques car les herbes condimentaires sont considérées comme indispensables et sont utilisées par chacun, du riche marchand au plus humble artisan.
 
3)      jardinet "Bas du carrerot des Cabanes" avec des plantes médicinales cette fois, car selon une croyance de l'époque chaque plante détient des principes utiles à la santé et signalés aux hommes par sa forme, sa taille, sa couleur .....
 
4)      Jardin de la Place du Levant dont l'allure générale a pour objet de rappeler ce que peut être un jardin du XV' siècle dont l'ordonnancement n'est plus celui des débuts de la Bastide, deux cents ans plus tôt.